Médiatiser une lutte. Le Larzac (1971-1981)
- Kouanda-Dévérin, Morgane (2020)
Mémoire
Non consultable
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- Médiatiser une lutte. Le Larzac (1971-1981)
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- 16 septembre 2020
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- médiatisation
- médiatiser
- lutte
- Larzac
- légitimité
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Le 28 octobre 1970, Michel Debré, alors ministre de la Défense, annonce sur la deuxième chaîne de l’Office de radiodiffusion-télévision française (ORTF) sa décision d’étendre le camp militaire situé sur le plateau du Larzac. De 3 000 hectares, celui-ci devait passer à 17 000 hectares5. C’est ainsi, à la télévision, que les paysans apprennent officiellement qu’ils vont être expropriés. Au cours de dix années de lutte, les défenseurs du Larzac cherchent à occuper l’espace médiatique, qui apparaît alors comme une arène dans laquelle ils cherchent à représenter et créer la légitimité de leur position.
La légitimité de la lutte est un aspect d’autant plus important que les paysans sont pour la plupart, au départ, peu enclin à la mobilisation. Ils la construisent d’abord sur le plan moral, soutenus par des membres du clergé qui leur offrent leur caution religieuse et se confortent dans la non-violence prônée par Lanza del Vasto. La présentation de la lutte dans les médias grand-public, reprenant les codes bibliques instaurés par les militants, contribue à en faire un combat moral, opposant la lutte pour la vie aux engins de mort. Ce manichéisme permet à de nombreuses autres causes de trouver leur place sur le plateau. Les défenseurs du Larzac comme ceux de l’extension du camp cherchent à antagoniser d’avantage les positions. Pour les militants, la « vitrine de la contestation2 » illustre la convergence des luttes qui se retrouvent sur le plateau. Pour les défenseurs du camp, elle illustre au contraire la confusion des « professionnels de la contestation3 ». La communication des paysans leur permet d’élargir leur lutte au-delà des cercles militants. Les méthodes non-violentes invitent à une participation plus générale et offrent une certaine sympathie au mouvement.
De par cet élargissement et par sa durée, la lutte du Larzac s’ancre comme un référent commun de son temps. Outre les affiliations revendiquées avec d’autres luttes, faisant du Larzac un modèle dans les milieux militants, l’usage fait par les médias grand-public de la lutte comme un objet de comparaison renforce son statut de référence.
Cet ancrage temporel et géographique est permis par les liens créés entre militants mais aussi avec le public en général.
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Le 28 octobre 1970, Michel Debré, alors ministre de la Défense, annonce sur la deuxième chaîne de l’Office de radiodiffusion-télévision française (ORTF) sa décision d’étendre le camp militaire situé sur le plateau du Larzac. De 3 000 hectares, celui-ci devait passer à 17 000 hectares5. C’est ainsi, à la télévision, que les paysans apprennent officiellement qu’ils vont être expropriés. Au cours de dix années de lutte, les défenseurs du Larzac cherchent à occuper l’espace médiatique, qui apparaît alors comme une arène dans laquelle ils cherchent à représenter et créer la légitimité de leur position.
Citation bibliographique
Kouanda-Dévérin, Morgane (2020), Médiatiser une lutte. Le Larzac (1971-1981) [Mémoire]