Unimagined existence : pour un documentaire de la disparition dans les oeuvres de James Agee et Walker Evans
- Haben, Adriana (19..-....) (2022)
Thèse
Accès restreint
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- Unimagined existence : pour un documentaire de la disparition dans les oeuvres de James Agee et Walker Evans
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- Unimagined existence : documenting disappearance in James Agee and Walker Evans's works
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- 25 novembre 2022
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- Littérature
- Photographie
- Documentaire
- Quotidien
- Agee
- Evans
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- Literature
- Photography
- Documentary
- Everyday
- Agee
- Evans
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Notre étude met en lien les œuvres d’un écrivain, James Agee, et d’un photographe, Walker Evans, qui ont collaboré en 1936 à l’occasion d’une enquête journalistique sur les métayers cultivant le coton dans l’Alabama, pendant la Grande Dépression. Leur photoreportage, initialement rejeté par le magazine Fortune, est publié quelques années plus tard en 1941 sous la forme d’un livre documentaire intitulé Let Us Now Praise Famous Men. L’ouvrage se distingue nettement des nombreux autres documentaires publiés entre la fin des années trente et le milieu des années quarante, eux aussi composés de texte et de photographies. Agee et Evans prennent le parti de séparer complètement le texte et les images, et de consacrer leur ouvrage à la vie quotidienne de trois familles de métayers, qu’ils décrivent et analysent avec minutie. Il est question, pour les deux artistes, de donner à voir un aspect méconnu de la vie des métayers, et de les envisager comme des êtres humains aux formes de vie singulières, plutôt que comme des représentants d’une classe sociale.
Nous entendons démontrer qu’Agee et Evans, à partir de leur intérêt commun pour le quotidien et pour l’ordinaire, opèrent une redéfinition du documentaire, à travers leur ouvrage collaboratif et leurs œuvres individuelles. Loin des desseins militants et réformateurs des ouvrages documentaires des années trente, les deux artistes tendent aussi à s’éloigner d’une conception purement archivistique du documentaire, qui viserait recueillir des traces du présent à des fins historiques. En effet, dans leurs travaux, l’écrivain et le photographe choisissent de se pencher avant tout sur des individus, des lieux ou des objets jugés peu dignes d’intérêt, que le mépris ou l’indifférence (et non uniquement le passage du temps) menacent de faire disparaître. La fiction autobiographique d’Agee, ainsi que les divers projets photographiques entrepris par Evans, à compter de la fin des années trente, s’attachent ainsi à rendre visibles ces éléments délaissés et à souligner la valeur intrinsèque de chaque chose, aussi insignifiante soit-elle.
L’attention portée aux vies anonymes et aux objets ordinaires conduit les deux artistes à repenser à la fois la visée et la forme des œuvres documentaires. Tout au long de leur carrière, Agee et Evans interrogent les interactions entre le texte et l’image photographique, comme l’attestent les travaux d’Agee autour des arts visuels, ou les portfolios réalisés par Evans pour le magazine Fortune à compter de 1945. Tandis que l’écrivain cultive la dimension visuelle de sa prose, le photographe se consacre à des projets expérimentaux, directement inspirés de techniques littéraires qu’il emprunte à Baudelaire ou à Flaubert. Notre analyse s’appuie sur le dialogue qui se noue entre le texte et les photographies, d’une œuvre à l’autre ou au sein d’un même ouvrage, afin de démontrer que les travaux de l’écrivain et ceux du photographe sont résolument indépendants, mais profondément complémentaires.
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Notre étude met en lien les œuvres d’un écrivain, James Agee, et d’un photographe, Walker Evans, qui ont collaboré en 1936 à l’occasion d’une enquête journalistique sur les métayers cultivant le coton dans l’Alabama, pendant la Grande Dépression. Leur photoreportage, initialement rejeté par le magazine Fortune, est publié quelques années plus tard en 1941 sous la forme d’un livre documentaire intitulé Let Us Now Praise Famous Men. L’ouvrage se distingue nettement des nombreux autres documentaires publiés entre la fin des années trente et le milieu des années quarante, eux aussi composés de texte et de photographies. Agee et Evans prennent le parti de séparer complètement le texte et les images, et de consacrer leur ouvrage à la vie quotidienne de trois familles de métayers, qu’ils décrivent et analysent avec minutie. Il est question, pour les deux artistes, de donner à voir un aspect méconnu de la vie des métayers, et de les envisager comme des êtres humains aux formes de vie singulières, plutôt que comme des représentants d’une classe sociale.
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This study links the works of a writer, James Agee, and of a photographer, Walker Evans, who collaborated on a 1936 enquiry into the lives of sharecroppers in Alabama during the Great Depression. Their photo-essay, initially rejected by Fortune, was eventually published as a documentary book in 1941, under the title Let Us Now Praise Famous Men. Agee and Evans’s documentary book is vastly different from most similar works published between the late thirties and the early forties. The artists made a point of keeping the text and the photographs apart, and of devoting the book to the analysis of the sharecroppers’ daily lives. The writer and the photographer’s aim is to reveal a little-known facet of the sharecroppers’ lives, and to consider them as human beings rather than as representatives of their social class.
We intend to show that Agee and Evans, thanks to their mutual interest in the realms of the everyday and the ordinary, attempt to redefine the documentary genre through their collaboration as well as through their individual works. Far from the social activism of thirties’ documentary books, the two artists also tend to distance themselves from the documentary genre’s archival aims. Agee and Evans’s works focus on people, places and objects that are often considered insignificant, and that may be threatened to vanish without leaving a trace due to a lack of interest. Agee’s autobiographical fiction, as well as Evans’s various experimental projects endeavour to make these neglected elements truly visible, and to underline their intrinsic worth.
The attention given to anonymous lives and ordinary objects leads the artists to rethink the documentary form as well as its aims. Throughout their respective careers, Agee and Evans have explored the various links between the written words and photography, as evidenced by Agee’s projects surrounding the visual arts and by the portfolios compiled by Evans for Fortune from 1945 onwards. As the writer cultivates the visual qualities of his prose, the photographer strives to transpose literary techniques borrowed from his most admired writers directly to the photographic medium. Our analysis relies on the dialogue between the text and the photographs, within the same volume or across different works, in order to show that while the writer and the photographers’ works are independent, they complement one another.
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This study links the works of a writer, James Agee, and of a photographer, Walker Evans, who collaborated on a 1936 enquiry into the lives of sharecroppers in Alabama during the Great Depression. Their photo-essay, initially rejected by Fortune, was eventually published as a documentary book in 1941, under the title Let Us Now Praise Famous Men. Agee and Evans’s documentary book is vastly different from most similar works published between the late thirties and the early forties. The artists made a point of keeping the text and the photographs apart, and of devoting the book to the analysis of the sharecroppers’ daily lives. The writer and the photographer’s aim is to reveal a little-known facet of the sharecroppers’ lives, and to consider them as human beings rather than as representatives of their social class.
Citation bibliographique
Haben, Adriana (19..-....) (2022), Unimagined existence : pour un documentaire de la disparition dans les oeuvres de James Agee et Walker Evans [Thèse]