Banlieues d'Amérique : poétique d'un lieu commun
- Potier, Jérémy (1988-....) (2022)
Thèse
Accès restreint
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- Banlieues d'Amérique : poétique d'un lieu commun
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- The american suburb : writing the commonplace
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- 18 novembre 2022
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- Sinclair Lewis
- John Cheever
- Jeffrey Eugenides
- Jonathan Franzen
- Lieu commun
- Banlieue
- Stylistique
- Espace
- Lieu
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- Sinclair Lewis
- John Cheever
- Jeffrey Eugenides
- Jonathan Franzen
- Commonplace
- Suburb
- Stylistics
- Space
- Place
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Au cours du siècle dernier, les banlieues résidentielles se sont imposées comme l’un des lieux communs les plus diffus du paysage géographique et culturel nord américain. De fait, dans la plupart des champs disciplinaires qui ont tenté de les circonscrire, ces environnements ont été déterminés par le défaut, la négativité et le manque de qualités. Indifférentes, ressemblantes ou exemplaires, les banlieues d’Amérique sont toujours uniques mais déjà typiques, indistinctes et pourtant immédiatement reconnaissables. Lorsqu’elle s’est intéressée à la représentation des banlieues dans la fiction américaine, la critique littéraire a, pour sa part, volontiers repris à son compte la perspective développée par les sciences sociales à partir des années cinquante, faisant de l’espace suburbain le décor d’une vaste satire des classes moyennes.
Cette thèse propose une autre lecture de la représentation littéraire des banlieues. Confrontés à des environnements dépourvus de caractéristiques remarquables, les auteurs américains ne se bornent pas à dénoncer une banalité terne et immobile. Dans les romans et les nouvelles de Sinclair Lewis, de John Cheever, de Jeffrey Eugenides et de Jonathan Franzen, l’écriture refuse le rôle de témoin passif et désabusé que l’on entend généralement lui faire endosser. Elle se fait au contraire pleinement fiction, travaillant un défaut au contact duquel elle trouve une occasion de se renouveler. En l’absence de ce qui fonde habituellement le sentiment de la localisation, l’écriture se tourne vers le commun – cela même qui semblait devoir réduire les banlieues à des espaces anonymes et indistincts – afin d’en faire un lieu de déploiement de l’expérience, un lieu de circulation de la parole et d’inscription de la mémoire. L’enjeu de cette thèse est ainsi d’analyser les modalités selon lesquelles le discours littéraire fait d’un défaut apparent l’objet – et peut-être même la condition – d’une nouvelle poétique. En se concentrant sur les rituels ordinaires de la vie suburbaine, sur le non-remarquable, sur les coutumes sans grandeur, les conversations obligées ou les évidences partagées, la littérature transforme ce qui a généralement été pensé comme un défaut en une singulière puissance d’écriture.
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Au cours du siècle dernier, les banlieues résidentielles se sont imposées comme l’un des lieux communs les plus diffus du paysage géographique et culturel nord américain. De fait, dans la plupart des champs disciplinaires qui ont tenté de les circonscrire, ces environnements ont été déterminés par le défaut, la négativité et le manque de qualités. Indifférentes, ressemblantes ou exemplaires, les banlieues d’Amérique sont toujours uniques mais déjà typiques, indistinctes et pourtant immédiatement reconnaissables. Lorsqu’elle s’est intéressée à la représentation des banlieues dans la fiction américaine, la critique littéraire a, pour sa part, volontiers repris à son compte la perspective développée par les sciences sociales à partir des années cinquante, faisant de l’espace suburbain le décor d’une vaste satire des classes moyennes.
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Over the past century, the residential suburb has emerged as one of the most widespread “commonplaces” of the North-American geographical and cultural landscape. When attempting to define these new environments, academics generally insist on a sense of negativity and a lack of characteristics. Apathetic, homogeneous or archetypal, the American suburb is always unique yet typical, nondescript and yet instantly recognizable. Turning their attention to fictional representations of the suburbs, literary critics tend to replicate the conclusions drawn by social scientists in the fifties, thereby reducing suburbia to an amorphous backdrop used as a means of satirizing the American middle class.
The aim of this dissertation is to bring to light an alternative vision of the way literature has dealt with the American suburb in the 20th century. Faced with environments lacking in distinctive features, American writers do not just settle for decrying the colorless surfaces of the suburb. In their novels and short stories, Sinclair Lewis, John Cheever, Jeffrey Eugenides and Jonathan Franzen refuse the role of passive and disenchanted observers they have commonly been assigned. Drawing on the fictional power inherent in literature, these authors resort instead to the commonplace, therefore turning what seemed to doom the suburb to be an anonymous and indistinct “non-place” into a locus where experience can thrive, where language can circulate and where memory can be preserved. This dissertation endeavors to bring out the way in which literary discourse manages to turn an apparent defect into the object—and perhaps the condition—of a new form of poetics. Drawing on the unperceived and the obvious, on the ordinary rituals of suburban life, on the daily backdrop and the conventional conversations it entails, literature turns what has generally been perceived as a nondescript environment into unique writing material.
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Over the past century, the residential suburb has emerged as one of the most widespread “commonplaces” of the North-American geographical and cultural landscape. When attempting to define these new environments, academics generally insist on a sense of negativity and a lack of characteristics. Apathetic, homogeneous or archetypal, the American suburb is always unique yet typical, nondescript and yet instantly recognizable. Turning their attention to fictional representations of the suburbs, literary critics tend to replicate the conclusions drawn by social scientists in the fifties, thereby reducing suburbia to an amorphous backdrop used as a means of satirizing the American middle class.
Citation bibliographique
Potier, Jérémy (1988-....) (2022), Banlieues d'Amérique : poétique d'un lieu commun [Thèse]