Devenir sujet au sein du néolibéralisme : penser l’assujettissement et la résistance avec Foucault et Lacan
- Leleu, Alice (2022)
Mémoire
Non consultable
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- Devenir sujet au sein du néolibéralisme : penser l’assujettissement et la résistance avec Foucault et Lacan
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- 20 septembre 2022
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- sujet
- Foucault
- Lacan
- néolibéralisme
- subjectivité
- assujettissement
- philosophie
- politique
- psychanalyse
- littérature
- humanité
- féminisme
- décolonial
- résistance
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L'enjeu de la recherche est de faire dialoguer Lacan et Foucault sur la question de l’assujettissement et de la résistance au système néolibéral contemporain dont la pérennité malgré son caractère destructeur semble reposer sur plusieurs piliers. Tout d’abord, celui-ci s’appuie sur un discours scientiste et un savoir prétendument absolu qui réduit le sujet à un objet de connaissance et qui légitime ses politiques en les plaçant sous le sceau du « vrai » à la fois du monde qui entoure les individus mais aussi d’eux-mêmes, participant à la constitution de nouvelles subjectivités caractérisées par une rationalité optimisatrice et instrumentale, une adaptabilité à n’importe quelle situation et une réflexivité évaluatrice supposant que chacune des actions puissent être mesurées en termes d’intérêt économique. Ce rapport à soi particulier est d’autant plus mortifère qu’il correspond à un idéal machinique proprement inatteignable qui renvoie sans cesse le sujet à son insuffisance, débouchant alors sur des crispations communautaires notamment nationalistes autour d’identités excluantes. Ces deux faces de la même médaille se retrouvent dans la langue néolibérale qui enserre les sujets tout en les constituant, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de ce rapport à soi, et traversant l’ensemble des institutions sociales, les redessinant dans la grammaire du marché. Le marché et l’Etat aujourd'hui indissociables peuvent ainsi être considérés comme le dernier pilier de cette forme de gouvernementalité, avec ses traits caractéristiques que sont la concurrence et l’évaluation. En effet, les subjectivités ne se constituent pas seulement dans l’abstrait des énoncés scientifiques mais sont aussi le produit des dispositifs de contrôle auxquels les individus sont en permanence assujettis et qui les forcent à adopter de nouvelles normes de conduite pour survivre et demeurer intégrés au jeu social.
Face à ce pouvoir totalisant, le sujet peut apparaître impuissant mais sa singularité et fragilité fondamentale analysée de manière différente par Foucault et Lacan est aussi ce qui fait la faiblesse du gouvernement néolibéral puisqu’en refusant de l’accueillir, il échoue à saisir l’accueillir, il laisse une voie de sortie aux sujets.
Cette émancipation partielle et subjective du renouvellement du rapport à soi déboule alors sur un nouveau rapport aux autres et peut donc constituer un premier pas nécessaire pour toute mobilisation collective. En effet, en acceptant sa propre différence, il devient possible de repenser le lien social et de travailler à la constitution d’un nouveau discours, qui laisse sa place au symptôme et à la singularité. Si Foucault comme Lacan portent plutôt une pensée de la subjectivité et non du groupe – chacun opposé à sa manière aux systèmes de pensée totalisants et aliénants – ils n’en restent pas moins des penseurs éminemment politiques. Les faire se rencontrer sur ce terrain, permet alors de maintenir leurs différences et différents irréductibles au niveau de leur conception du sujet et de la singularité, sans faire de ces divergences un point de rupture indépassable.
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L'enjeu de la recherche est de faire dialoguer Lacan et Foucault sur la question de l’assujettissement et de la résistance au système néolibéral contemporain dont la pérennité malgré son caractère destructeur semble reposer sur plusieurs piliers. Tout d’abord, celui-ci s’appuie sur un discours scientiste et un savoir prétendument absolu qui réduit le sujet à un objet de connaissance et qui légitime ses politiques en les plaçant sous le sceau du « vrai » à la fois du monde qui entoure les individus mais aussi d’eux-mêmes, participant à la constitution de nouvelles subjectivités caractérisées par une rationalité optimisatrice et instrumentale, une adaptabilité à n’importe quelle situation et une réflexivité évaluatrice supposant que chacune des actions puissent être mesurées en termes d’intérêt économique. Ce rapport à soi particulier est d’autant plus mortifère qu’il correspond à un idéal machinique proprement inatteignable qui renvoie sans cesse le sujet à son insuffisance, débouchant alors sur des crispations communautaires notamment nationalistes autour d’identités excluantes. Ces deux faces de la même médaille se retrouvent dans la langue néolibérale qui enserre les sujets tout en les constituant, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de ce rapport à soi, et traversant l’ensemble des institutions sociales, les redessinant dans la grammaire du marché. Le marché et l’Etat aujourd'hui indissociables peuvent ainsi être considérés comme le dernier pilier de cette forme de gouvernementalité, avec ses traits caractéristiques que sont la concurrence et l’évaluation. En effet, les subjectivités ne se constituent pas seulement dans l’abstrait des énoncés scientifiques mais sont aussi le produit des dispositifs de contrôle auxquels les individus sont en permanence assujettis et qui les forcent à adopter de nouvelles normes de conduite pour survivre et demeurer intégrés au jeu social.
Citation bibliographique
Leleu, Alice (2022), Devenir sujet au sein du néolibéralisme : penser l’assujettissement et la résistance avec Foucault et Lacan [Mémoire]