Cartographies de la mise en images d’un évènement climatique extrême et de ses conséquences : Le cas de la crue de l’Orbiel en 2018 (Aude).
- Dauphin, Lilou (2023)
Mémoire
Accès restreint
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- Cartographies de la mise en images d’un évènement climatique extrême et de ses conséquences : Le cas de la crue de l’Orbiel en 2018 (Aude).
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- Mapping the imagery of an extreme climatic event and its consequences: The case of the Orbiel flood in 2018 (Aude).
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- 4 juillet 2023
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- Crue
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- La crue de 2018 dans la Vallée de l’Orbiel n’a pas seulement modifié le quotidien des gens. Pour certains, elle a modifié leur vie entière, jusque dans la composition des fluides s’écoulant en eux. De l’arsenic, déversé dans le Nord de l’Aude par les eaux tumultueuses lors d’une nuit d’octobre, voilà ce qui reste – entre autres – du passage des inondations. Mais il y a d’autres composants invisibles qui persistent, plus ou moins : les souvenirs. Ils sont dans les modifications architecturales des communes, dans les plaques commémoratives et les tombeaux des voisins. Ils sont là, parfois enfouis comme les composés chimiques dangereux et ils attendent la goutte d’eau ultime pour ressurgir. Mais peut-être existe-t-il un autre moyen ? Peut-être que ces villages pourraient se souvenir, de leur vivant (et de leurs vivants), de leur présent, et transmettre pour gagner en résilience, pour éduquer les générations futures ? Le risque est là, il a été présent et il le sera encore plus dans les années à venir. C’est ce que cette base de données tend à soutenir : les photographies, souvenirs silencieux de larmes diluviennes, peuvent aider de manière pédagogique à entretenir les mémoires de cet événement traumatique. A Conques-sur-Orbiel, Lastours, Villalier et Villegailhenc, des bribes d’histoires de cette époque résident encore dans les murs des villes et dans les corps qui les composent. Répertorier les photographies de ce tragique dimanche soir, c’est une manière de faire vivre les archives et leur donner un sens ; notamment géographique. Savoir quels territoires sont les plus médiatisés et pourquoi, c’est la clef pour comprendre ceux qui ne l’ont pas été. Il faut donc référencer chaque photo, la localiser, et s’immerger. L’Aude, c’est un des départements les plus défavorisés de France, ce sont des gens enclavés qui sont coincés dans un cercle vicieux, notamment à cause de cette crue qui ne leur a pas laissé d’échappatoire. C’est là le dernier chaînon à ce cycle sans fin où la pauvreté s’entretient. Ce sont des territoires qui souffrent en silence, malgré le succès touristique, malgré la construction d’un nouveau pont, d’une nouvelle route, d’une nouvelle école. Ce sont des communautés meurtries qu’il faut aider, sans attendre qu’elles lancent un SOS. Le géographe ne peut pas travailler en tant que tel s’il n’étudie pas de manière profonde le terreau social de la zone de recherche en question. Les photographies constituent alors quelques fragments importants lors de cette quête, non pas de vérité, mais de réalité.
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- The 2018 flood in the Orbiel Valley has not only changed people's daily lives. For some, it has changed their entire lives, right down to the composition of the fluids flowing through them. Arsenic, spilt in the north of the Aude by the tumultuous waters on an October night, is what remains - among other things - from the passage of the floods. But there are other invisible components that persist, more or less: memories. They are to be found in the architectural changes made to the communities, in the commemorative plaques and the graves of neighbours. They are there, sometimes buried like dangerous chemical compounds, waiting for the last drop of water to resurface. But perhaps there is another way. Perhaps these villages could remember, in their lifetime (and in the lifetime of their loved ones), their present, and pass on the memory to build resilience and educate future generations. The risk is there, it has been there and it will be there even more in the years to come. That's what this database aims to support: the photographs, silent reminders of torrential rain, can help in an educational way to keep alive the memories of this traumatic event. In Conques-sur-Orbiel, Lastours, Villalier and Villegailhenc, snippets of history from that era still reside in the walls of the towns and in the bodies that make them up. Listing the photographs of that tragic Sunday night is a way of bringing the archives to life and giving them meaning, particularly in geographical terms. Knowing which areas received the most media coverage, and why, is the key to understanding those that did not. So we need to reference each photo, locate it and immerse ourselves in it. The Aude is one of the most disadvantaged departments in France, with people living in enclaves who are trapped in a vicious circle, particularly because of this flood, which left them no way out. This is the final link in a never-ending cycle of poverty. These are areas that suffer in silence, despite the success of tourism, despite the construction of a new bridge, a new road, a new school. These are wounded communities that need to be helped, without waiting for them to send out an SOS. The geographer cannot work as such if he does not study in depth the social soil of the research area in question. The photographs are important fragments in this quest, not for truth, but for reality.
Citation bibliographique
Dauphin, Lilou (2023), Cartographies de la mise en images d’un évènement climatique extrême et de ses conséquences : Le cas de la crue de l’Orbiel en 2018 (Aude). [Mémoire]