La prise de perspective d’autrui au coeur des habiletés de cognition sociale : étude de l’impact de la perturbation des systèmes vestibulaires et proprioceptifs lors de protocoles en impesanteur simulée
- Bayet, Virginie (1993-....) (2023)
Thèse
Accès libre
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- La prise de perspective d’autrui au coeur des habiletés de cognition sociale : étude de l’impact de la perturbation des systèmes vestibulaires et proprioceptifs lors de protocoles en impesanteur simulée
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- Taking other's perspective as main social cognition ability : investigating the effects of vestibular and proprioceptive system disruption during simulated weightlessness protocols
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- 20 septembre 2023
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- Cognition sociale
- Prise de perspective
- Impesanteur
- Vol parabolique
- Immersion sèche
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- Social cognition
- Perspective-taking
- Microgravity
- Parabolic flight
- Dry immersion
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La gravité fournit au système nerveux central des informations sensorielles corporelles et visuelles stables, essentielles à la navigation spatiale et aux tâches collaboratives. Au contraire, dans l’espace, les forces gravitaires n’agissent que très faiblement sur le corps et provoquent une perturbation des entrées sensorielles vestibulaires et proprioceptives. Connaitre la position de son corps dans l’espace est essentiel lorsqu’on doit considérer le point de vue d’autrui afin de s’engager dans une action donnée. Ce travail de recherche s’intéresse à l’impact de ces perturbations sensorielles sur les aptitudes à prendre en compte le point de vue d’autrui grâce à deux modèles qui permettent de recréer en partie, sur Terre, les effets physiologiques de l’impesanteur. L’étude 1 a été réalisée grâce à la participation de 12 volontaires de sexe masculin (moyenne d’âge : 44 ans) dans le modèle de vol parabolique induisant principalement une perturbation du système vestibulaire. L’étude 2, réalisée en immersion sèche, qui induit davantage une perturbation des entrées proprioceptives, a permis d’observer les effets d’une contre-mesure sur les aptitudes de prise de perspective d’autrui grâce au port d’un dispositif de brassards de cuisse, permettant de contrer en partie les effets physiologiques néfastes de l’impesanteur. 18 participants de sexe masculin (moyenne d’âge : 33,4) ont été répartis dans 2 groupes, un groupe « test » et un groupe portant la contre- mesure. Dans les deux études, les participants ont réalisé une tâche expérimentale de prise de perspective.
Les résultats de l’étude 1 ont révélé des temps de réponses significativement plus rapides en impesanteur simulée dans les conditions de la tâche impliquant une projection mentale dans des positions spatiales inconnues (inclinaison de l’avatar de 45°) suggérant une facilitation à réaliser la prise de perspective de l’avatar. Les résultats de l’étude 2 ont également montré des temps de réponses plus rapides dans les mêmes conditions, uniquement dans le groupe de participants qui ne portent pas les brassards de cuisse. Dans ce même groupe, des mesures d’oxymétrie cérébrale (fNIRS) et d’oculométrie ont montré une activation des zones corticales temporales supérieures au cours de la tâche de prise de perspective ainsi que des temps de fixations oculaires plus longs sur l’avatar, par rapport au groupe portant la contre- mesure. Le cortex temporal étant activé dans la prise en compte d’autrui et de façon plus large dans les capacités de théorie de l’esprit, ces résultats suggèrent un traitement plus profond de la position de l’avatar et de la perspective d’autrui. Les effets de l’impesanteur sur les processus de prise de perspective d’autrui seraient spécifiques car les performances des 2 groupes ne diffèrent pas significativement dans les tâches sollicitant des processus cognitifs non-sociaux, impliqués dans ce type de tâche, notamment certains processus exécutifs, de mémoire de travail et attentionnels. Ce travail de recherche met en évidence, d’une part, que les perturbations sensorielles en impesanteur viennent améliorer la capacité à prendre rapidement la perspective d’autrui. La perte partielle de sensations corporelles dans ces modèles d’impesanteur simulée perturberait la représentation sensori-motrice de son propre corps ainsi le traitement de la perspective d’autrui serait plus rapide à mettre en œuvre sans nécessiter le recours à d’importantes ressources cognitives. D’autre part, l’utilisation des brassards de cuisse comme contre- mesure a permis de contrebalancer ces effets ce qui conforte dans l’efficacité de cette contre- mesure. Afin de préserver cette facilitation à la prise de perspective d’autrui, il conviendrait d’entrainer les astronautes à se focaliser sur l’utilisation de repères spécifiques en utilisant des contre-mesures complémentaires.
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La gravité fournit au système nerveux central des informations sensorielles corporelles et visuelles stables, essentielles à la navigation spatiale et aux tâches collaboratives. Au contraire, dans l’espace, les forces gravitaires n’agissent que très faiblement sur le corps et provoquent une perturbation des entrées sensorielles vestibulaires et proprioceptives. Connaitre la position de son corps dans l’espace est essentiel lorsqu’on doit considérer le point de vue d’autrui afin de s’engager dans une action donnée. Ce travail de recherche s’intéresse à l’impact de ces perturbations sensorielles sur les aptitudes à prendre en compte le point de vue d’autrui grâce à deux modèles qui permettent de recréer en partie, sur Terre, les effets physiologiques de l’impesanteur. L’étude 1 a été réalisée grâce à la participation de 12 volontaires de sexe masculin (moyenne d’âge : 44 ans) dans le modèle de vol parabolique induisant principalement une perturbation du système vestibulaire. L’étude 2, réalisée en immersion sèche, qui induit davantage une perturbation des entrées proprioceptives, a permis d’observer les effets d’une contre-mesure sur les aptitudes de prise de perspective d’autrui grâce au port d’un dispositif de brassards de cuisse, permettant de contrer en partie les effets physiologiques néfastes de l’impesanteur. 18 participants de sexe masculin (moyenne d’âge : 33,4) ont été répartis dans 2 groupes, un groupe « test » et un groupe portant la contre- mesure. Dans les deux études, les participants ont réalisé une tâche expérimentale de prise de perspective.
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Gravity provides the central nervous system with stable somatic and visual sensory information essential for spatial navigation and cooperative tasks. In space, however, gravitational forces act very weakly on the body, disrupting vestibular and proprioceptive sensory inputs. Knowing one's body position in space is essential when you have to consider the point of view of others in order to perform a given action. This research examines the impact of these sensory perturbations on the ability to take into account the point of view of others, using two models that partly replicate the physiological effects of weightlessness on Earth. Study 1 involved 12 male volunteers (mean age 44 years) in a parabolic flight model, which primarily disrupts the vestibular system. Study 2, was performed in the dry immersion model, which disrupts predominantly proprioceptive inputs and examined the effects of a countermeasure on perspective taking using a thigh cuff device to partially compensate for the adverse physiological effects of weightlessness.
18 male participants (mean age 33.4 years) were divided into two groups, a "test" group and a group wearing the countermeasure (thigh cuffs). In both studies, participants performed an experimental perspective taking task. The results of Study 1 showed significantly faster responses in simulated weightlessness in the task conditions requiring to perform a mental projection into unexperienced positions (avatar was tilted of 45°), suggesting facilitation of avatar perspective taking. The results of Study 2 also revealed faster responding under the same conditions, only in the group of participants not wearing the thigh cuffs. In the same group, brain oximetry (fNIRS) data showed higher activation of temporal cortical areas during the perspective taking task, and oculomotor measures revealed longer eye fixation times on the avatar, compared to the group wearing the countermeasure. The temporal cortex being activated in social perspective taking tasks and, more broadly, in theory of mind abilities, these results suggest deeper processing of the avatar and social perspective-taking. The effects of microgravity on perspective-taking processes appeared to be specific as performance of the two groups did not differ significantly in tasks testing non-social cognitive processes that are also involved in perspective-taking, i.e. certain executive, working memory and attentional processes. This research shows that sensory perturbations in weightlessness improve the ability to quickly take another person's perspective. The partial loss of bodily sensations in these models of simulated weightlessness would disrupt the sensorimotor representation of one's own body, and the processing of another person's perspective would be faster to implement without requiring the use of significant cognitive resources. The use of thigh cuffs as a countermeasure counterbalanced these effects, which confirms the effectiveness of this countermeasure. In order to maintain this facilitation of perspective taking, astronauts should be trained to focus on the use of specific reference frames by using complementary countermeasures.
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Gravity provides the central nervous system with stable somatic and visual sensory information essential for spatial navigation and cooperative tasks. In space, however, gravitational forces act very weakly on the body, disrupting vestibular and proprioceptive sensory inputs. Knowing one's body position in space is essential when you have to consider the point of view of others in order to perform a given action. This research examines the impact of these sensory perturbations on the ability to take into account the point of view of others, using two models that partly replicate the physiological effects of weightlessness on Earth. Study 1 involved 12 male volunteers (mean age 44 years) in a parabolic flight model, which primarily disrupts the vestibular system. Study 2, was performed in the dry immersion model, which disrupts predominantly proprioceptive inputs and examined the effects of a countermeasure on perspective taking using a thigh cuff device to partially compensate for the adverse physiological effects of weightlessness.
Citation bibliographique
Bayet, Virginie (1993-....) (2023), La prise de perspective d’autrui au coeur des habiletés de cognition sociale : étude de l’impact de la perturbation des systèmes vestibulaires et proprioceptifs lors de protocoles en impesanteur simulée [Thèse]