D’une diplomatie à l’autre : la France face à l’émigration des Juifs soviétiques, 1966 – 1976
- Bernollin, Willy (2023)
Mémoire
Non consultable
-
- D’une diplomatie à l’autre : la France face à l’émigration des Juifs soviétiques, 1966 – 1976
-
- Bernollin, Willy
-
- 21 juin 2023
-
- Juifs
- émigration
- Union soviétique
- Diplomatie
- Quai d'Orsay
- Internationalisation
- Guerrefroidisation
-
-
Bien que grandement étudiée, la situation des Juifs en URSS dans cette période semble souvent réduite à des statistiques qui illustrent des mouvements de populations. Toutefois, notre étude suit un schéma différent. D’une part, nous évoquons une continuité de la vision des Juifs comme une population de seconde zone dont la mémoire, les aspirations culturelles, politiques et religieuses sont limitées voire interdites. D’autre part, nous montrons que les revendications à l’émigration s’affirment de manière plus radicale. Ces revendications outrepassent ce qui, autrefois, semblait dissuader : la répression et l’incitation au silence.
Pour ce faire, notre étude se situe entre deux dates bien identifiées : du 5 décembre 1966 au 19 février 1976. Il est entendu que ces dates se justifient. Le 5 décembre 1966 Alexeï Kossyguine, président du conseil des ministres soviétique, affirme lors d’une conférence de presse à Paris que l’Union soviétique ne s’opposera pas à la réunion des familles juives. La seconde date correspond, elle, à la clôture de la deuxième conférence mondiale des communautés juives à Bruxelles.
Également, le regard singulier que nous portons sur notre sujet se trouve dans le fait qu’il s’agit d’une histoire basée non sur le point de vue Juif ou soviétique, mais bien sur un point de vue extérieur : le point de vue du Quai d’Orsay. Pour ce faire, nous nous basons sur les archives du Quai d’Orsay afin d’obtenir une somme d’évènements. Des évènements que nous analyserons, nuancerons ou complèterons avec les archives de l’Organisation des Nations Unies, de la Bibliothèque juive contemporaine, de la presse ou à l’aide de témoignages de Juifs condamnés par la justice soviétique.
Sujette à libéralisation, l’émigration des Juifs soviétiques semble entrer en contraste avec un début des années 1970 placé sous le signe d’une répression singulièrement dirigée contre les populations juives. En effet, c’est dès l’année 1970 que le nombre de procès contre les Juifs soviétiques croît pour se poursuivre tout au long de l’année 1971. Parallèlement, l’année 1971 marque les premières mesures de libéralisation dans la politique soviétique d'émigration. Une situation deux fers deux feux en URSS, dans laquelle le pouvoir judiciaire condamne les Juifs soviétiques mais le pouvoir politique, lui, semble être amené à une courte libéralisation.
Cette dernière est toutefois à réinscrire dans un contexte diplomatique spécifique. En effet, si Moscou libéralise sa politique, c'est d'abord en partie à cause des procès de Leningrad qui créent des remous à l'international. Au-delà, ces procès confirment la tendance à l'internationalisation du sujet de la situation des Juifs en URSS et à leur répression. Ce processus, qui avait déjà débuté à la fin des années soixante, s'accentue au début de la décennie soixante-dix. En outre, l'émigration des Juifs hors d'Union soviétique dévient un enjeu majeur de la Guerre froide à partir de l'année 1972, peu après le désaccord autour de la taxe du 3 août 1972 : c'est le début de la "Guerrefroidisation". Ce néologisme désigne le processus d'appropriation, par les relations bilatérales Washington - Moscou, du sujet de l'émigration des Juifs. Le paroxysme de ce processus est représenté par le Linkage de l'amendement Jackson-Vanik qui lie l'octroi d'avantages économiques par les Etats-Unis à l'URSS en échange d'une libéralisation de sa politique d'émigration.
Cette "guerrefroidisation" entraîne presque mécaniquement le désengagement de la France sur le sujet de l'émigration. Paris le constate et tente à diverses reprises, entre 1975 et 1976, de réinvestir ce sujet. Toutefois, la France n'est pas seule à vouloir se ré approprier une marge de manœuvre sur l'émigration des Juifs. Entre autres, Israël par plusieurs méthodes, notamment par une forte pratique de la diplomatie alternative d'influence, tâche de reprendre le pas sur un sujet d'un intérêt primordial.
-
Bien que grandement étudiée, la situation des Juifs en URSS dans cette période semble souvent réduite à des statistiques qui illustrent des mouvements de populations. Toutefois, notre étude suit un schéma différent. D’une part, nous évoquons une continuité de la vision des Juifs comme une population de seconde zone dont la mémoire, les aspirations culturelles, politiques et religieuses sont limitées voire interdites. D’autre part, nous montrons que les revendications à l’émigration s’affirment de manière plus radicale. Ces revendications outrepassent ce qui, autrefois, semblait dissuader : la répression et l’incitation au silence.
-
- Non consultable
Citation bibliographique
Bernollin, Willy (2023), D’une diplomatie à l’autre : la France face à l’émigration des Juifs soviétiques, 1966 – 1976 [Mémoire]