Naturalisme et peinture religieuse en France à la fin du XIXe siècle : de l’impalpable céleste au terrestre tangible
- Hameau, Emmanuelle (2017)
Mémoire
Accès restreint
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- Naturalisme et peinture religieuse en France à la fin du XIXe siècle : de l’impalpable céleste au terrestre tangible
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- 16 juin 2017
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La peinture religieuse, bien que longuement oubliée, a suscité au XIXe siècle en France de nombreux questionnements et débats. Église et art ont toujours entretenu des rapports étroits mais au XIXe siècle, le contexte politique et religieux, instable et changeant, provoque toujours de nouvelles interrogations et de nombreux conflits. Les changements successifs de régime déterminent la place occupée par l’Église catholique, qui mène un combat tout au long du siècle pour conserver sa place face à l’État et empêcher la laïcisation. En effet, le catholicisme est remis en cause de façon virulente par les républicains et les intellectuels comme Hippolyte Taine ou Ernest Renan qui voient dans l’Église catholique une force faisant obstacle aux progrès de l’humanité. Le surnaturel, que l’Église place au centre de sa doctrine, est dénoncé au nom de la science. Elle seule est capable de démontrer les lois naturelles et physiques, qui ne peuvent être transgressées par la volonté divine.
Parallèlement, une nouvelle tendance artistique se dessine à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, dite « naturaliste ». Alors que la question de la représentation du divin est déjà une problématique en soi et qui prend naissance dès l’apparition de l’art chrétien, comment appréhender une peinture qui fait du sacré un évènement terrestre, qui dépeint des scènes plus réelles que surnaturelles, des anges plus terrestres que célestes, et des Christs plus humains que divins ? Les réponses à ces questions, bien que complexes, sont peut-être à chercher dans la transformation d’un regard porté sur le religieux et ses fondements, sur l’histoire et la recherche de vérité, mais également sur le rapport à la nature et au réel.
Des peintres comme Léon Bonnat, Jean-Jacques Henner, Jean-Joseph Weerts, Théodule Ribot, Jean-Paul Laurens, Henry Lerolle, Léon Lhermitte ne sont pas les premiers à traiter avec réalisme les sujets religieux. Ils trouvent un modèle dans les maîtres espagnols et hollandais, principalement Vélasquez et Rembrandt, qui prennent de plus en plus d’importance dans la formation artistique des peintres français.
Avec l’avènement du naturalisme, le religieux est également étudié dans son aspect populaire et ethnologique. Il est dépeint en tant que fait et non en tant qu’image pieuse invitant à la contemplation méditative. La Bretagne constitue un lieu privilégié pour l’étude des coutumes religieuses populaires. Les tableaux de peintres comme Jules Breton ou Pascal Dagnan-Bouveret révèlent ce nouveau rapport au réel, et témoignent d’un attachement grandissant pour ce qui a trait à l’homme, à la nature, et à l’aspect terrestre et populaire du religieux.
D’autre part, la Vie de Jésus d’Ernest Renan, publié en 1863, provoque un véritable scandale, en remettant en cause la divinité du Christ, l’authenticité des Évangiles et l’existence des miracles. Jésus est présenté comme un homme, dénué de tout pouvoir thaumaturgique. Est-ce ce Christ que nous présentent Jean-Jacques Henner et Léon Bonnat ? Jésus est de plus en plus étudié dans son aspect historique et la peinture d’histoire à la fin du XIXe siècle manifeste ce goût toujours plus prononcé pour la véracité picturale, le détail archéologique, la recherche de l’authenticité. Elle en devient un spectacle, usant de décors, de costumes, de mise en scène théâtrale, plongeant la représentation entre réalisme historique et plaisir de l’illusion. C’est alors que le cinéma et la photographie s’emparent de la vie de Jésus : ce dernier est littéralement incarné et passe d’un Christ « réaliste » dans la peinture à un Christ « réel », incarné par un homme. Entre pédagogie catholique et spectacle cinématographique, le thème christique animé à l’écran se retrouve confronté au même questionnement qu’en peinture : utiliser le réel pour soutenir la foi ou pour désacraliser le divin ?
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La peinture religieuse, bien que longuement oubliée, a suscité au XIXe siècle en France de nombreux questionnements et débats. Église et art ont toujours entretenu des rapports étroits mais au XIXe siècle, le contexte politique et religieux, instable et changeant, provoque toujours de nouvelles interrogations et de nombreux conflits. Les changements successifs de régime déterminent la place occupée par l’Église catholique, qui mène un combat tout au long du siècle pour conserver sa place face à l’État et empêcher la laïcisation. En effet, le catholicisme est remis en cause de façon virulente par les républicains et les intellectuels comme Hippolyte Taine ou Ernest Renan qui voient dans l’Église catholique une force faisant obstacle aux progrès de l’humanité. Le surnaturel, que l’Église place au centre de sa doctrine, est dénoncé au nom de la science. Elle seule est capable de démontrer les lois naturelles et physiques, qui ne peuvent être transgressées par la volonté divine.
Citation bibliographique
Hameau, Emmanuelle (2017), Naturalisme et peinture religieuse en France à la fin du XIXe siècle : de l’impalpable céleste au terrestre tangible [Mémoire]