Évolution et perspectives de l'édition de pièces de théâtre contemporain en France
- Poux, Célia (2023)
Mémoire
Accès libre
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- Évolution et perspectives de l'édition de pièces de théâtre contemporain en France
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- 4 septembre 2023
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- Édition
- Théâtre
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« Le théâtre est art de l’instant. Donc de la mort. Il surgit le temps d’une représentation, pour s’évanouir aussitôt. Tout texte écrit s’inscrit au contraire dans la durée. Il parie sur l’éternité : scripta manent. Le premier paradoxe du texte théâtral tient dans cette dichotomie. » [Michel Pruner, L’analyse du texte de théâtre (1998)]
Ce mémoire, intitulé Évolution et perspectives de l’édition de pièces de théâtre contemporain en France, contredit Molière lorsqu’il affirmait : « Le théâtre est fait pour être vu. » Les textes dramatiques ont une place dans le monde de l’édition depuis sa création. Une position qui n’est cependant pas stable quand on fait le constat de son faible lectorat aujourd’hui. Mais, contre vents et marées, l’édition théâtrale a su rester debout ; en témoigne l’existence d’éditeurs spécialisés ayant plus de trente ans. Quelles sont donc les stratégies qui ont été mises en place en France pour viabiliser la publication des pièces de théâtre contemporain ? L’édition théâtrale est un secteur aujourd’hui restreint mais bien installé qui n’a eu de cesse d’évoluer. S’il connaît des débuts prolifiques au XVIIIe siècle avec la naissance de l’édition, l’avènement du roman entraîne une perte de popularité de la littérature dramatique qui dominait jusque-là le genre de la fiction. Dans les années 1980, la situation critique de l’édition théâtrale oblige le CNL à prendre des mesures. Il confie la réalisation d’une enquête à Michel Vinaver qui publie en 1987 Le compte rendu d’Avignon : des mille maux dont souffre l’édition théâtrale et des trente-sept remèdes pour l’en soulager. Depuis ce rapport, les institutions nationales, ministère de la Culture et ministère de l’Éducation nationale, ont pris des mesures afin de sauver la littérature dramatique contemporaine. L’inscription de pièces contemporaines aux programmes scolaires a notamment permis de donner des clés de lecture à la population. Un sauvetage qui n’aurait pas été possible sans les éditeurs spécialisés, véritables militants pour la cause. La diffusion du texte de théâtre est difficile car financièrement risquée. Les lecteurs convaincus sont peu nombreux : praticiens, universitaires et spectateurs de théâtre constituent le public-cible de ces publications-niche. Cette microéconomie possède cependant l’avantage d’un fond livresque toujours vivant : « Un texte renaît lorsqu’il est mis en scène. », explique François Berreur, directeur des Solitaires Intempestifs entretenu pour ce mémoire. Afin d’adapter la stratégie de diffusion à ces publications au circuit différent, les éditions Théâtrales ont créé Théâdiff, un diffuseur spécialisé adopté par la majeure partie des éditeurs théâtraux. Malgré ces changements, l’édition théâtrale conserve deux épines dans le pied. D’abord le changement des statuts de la SACD en 1975 ne permettant plus aux éditeurs de toucher des droits de représentations. Le partage souvent équitable de ces droits avec l’auteur permettait pourtant de compenser les risques financiers du secteur créant un potentiel commercial aujourd’hui inexistant. Ensuite, le désert médiatique dans lequel se trouvent les publications théâtrales qui sont repoussées par les médias littéraires et par ceux du spectacle vivant. Les maisons prennent donc elle-même le relai pour communiquer autour de ces textes paradoxaux, entre fiction et réalité scénique. Elles mettent en avant des lignes éditoriales fortes et innovantes afin de répondre aux injonctions induites par la construction particulière du texte dramatique tout en le rendant accessible au plus large public possible.
Le projet éditorial réalisé pour ce mémoire viendra appuyer la recherche en imaginant la publication d’une pièce à la maquette augmentée chez l’éditeur spécialisé Les Solitaires Intempestifs.
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« Le théâtre est art de l’instant. Donc de la mort. Il surgit le temps d’une représentation, pour s’évanouir aussitôt. Tout texte écrit s’inscrit au contraire dans la durée. Il parie sur l’éternité : scripta manent. Le premier paradoxe du texte théâtral tient dans cette dichotomie. » [Michel Pruner, L’analyse du texte de théâtre (1998)]
Citation bibliographique
Poux, Célia (2023), Évolution et perspectives de l'édition de pièces de théâtre contemporain en France [Mémoire]