Une approche communicationnelle de la pénibilité des "sales boulots"
- Todo-Alipui, Messan (1986-....) (2023)
Thèse
Accès libre
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- Une approche communicationnelle de la pénibilité des "sales boulots"
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- A communication approach to the arduousness of “dirty works”
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- 19 décembre 2023
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- Approche communicationnelle
- Pénibilité
- Sales boulots
- Communication organisationnelle
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- Communication approach
- Arduousness
- Dirty works
- Organizational communication
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La question du rapport entre le travail et la santé retient l’intérêt des chercheurs depuis les années 1960 (Becker, 1964) et des pouvoirs publics depuis quelques décennies. Elle reste aujourd’hui encore, un sujet d’actualité en France avec par exemple les manifestations suscitées par la réforme des retraites en 2023. Si le travail peut participer à la construction identitaire de l’individu, à l’épanouissement personnel et à la satisfaction de vie (Hélardot, 2005), il peut également être à l’origine de plusieurs atteintes pour la santé des individus voire même de décès. Gollac (2007) suggère d’analyser les effets délétères du travail sur la santé à travers les conditions dans lesquelles l’activité professionnelle est réalisée.
Le rapport entre la santé et le travail est abordé scientifiquement au prisme des risques psychosociaux, du harcèlement, de la souffrance au travail, de la qualité de vie au travail, etc. La présente recherche qui s’inscrit en sciences de l’information et de la communication, se propose d’appréhender la santé au travail à travers la pénibilité des « sales boulots » en adoptant le cadre des approches communicationnelles des organisations (Bouillon et al., 2007). Il s’agit donc de voir en quoi et comment les interactions (échanges verbaux et non-verbaux) et les pratiques de communication des organisations et de leurs acteurs sont susceptibles de participer à la pénibilité des « sales boulots ». La pénibilité « désigne le caractère contraignant et éprouvant issu du travail et de l’organisation ; c’est-à-dire les difficultés que l’opérateur doit supporter et/ou les efforts distinctifs qu’il doit fournir dans la réalisation d’une tâche donnée. » (Leduc et Valléry, 2016 : 321). Notre acception de cette notion, amène à concevoir tout emploi, quelle que soit sa nature, comme comportant un risque d'exposition à une forme de pénibilité (physique et/ou psychique) (Burellier et al., 2019). Les « sales boulots » définis par Hughes comme « des emplois qui sont vus par la société comme physiquement, socialement ou moralement teintés » (1958 : 122), feraient partie de ces métiers jugés pénibles. Ils impliquent des tâches physiques exigeantes, un manque de reconnaissance sociale à cause du faible prestige de l’emploi et des conditions de travail difficiles et dangereuses.
Notre enquête a été menée dans une société française spécialisée dans le nettoyage. Elle a mobilisé trois techniques de collecte de données : l’observation, l’entretien et la constitution de corpus documentaire. Les résultats montrent qu’au-delà du vécu, les représentations et les perceptions des agents de nettoyage sur leur métier (« sale boulot » et métier pénible) sont en partie liées aux phénomènes informationnels et communicationnels. Interactions, pratiques de communication managériale et discours institutionnels informent et font agir pour prévenir la pénibilité. En même temps, ils peuvent contribuer à renforcer leur ressenti à travers certains paradoxes qu’ils présentent. La prise en compte de la dimension communicationnelle est alors importante dans la prévention de la pénibilité et de la promotion de la QVT.
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La question du rapport entre le travail et la santé retient l’intérêt des chercheurs depuis les années 1960 (Becker, 1964) et des pouvoirs publics depuis quelques décennies. Elle reste aujourd’hui encore, un sujet d’actualité en France avec par exemple les manifestations suscitées par la réforme des retraites en 2023. Si le travail peut participer à la construction identitaire de l’individu, à l’épanouissement personnel et à la satisfaction de vie (Hélardot, 2005), il peut également être à l’origine de plusieurs atteintes pour la santé des individus voire même de décès. Gollac (2007) suggère d’analyser les effets délétères du travail sur la santé à travers les conditions dans lesquelles l’activité professionnelle est réalisée.
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The question of the relationship between work and health has attracted the interest of researchers since the 1960s (Becker, 1964) and of public authorities for several decades. It still remains a hot topic in France today with, the protests generated by the pension reform in 2023. If work can participate in the construction of the individual's identity, personal development and life satisfaction (Hélardot, 2005), it can also be the cause of several damage to the health of individuals and even death. Gollac (2007) suggests analyzing the deleterious effects of work on health through the conditions in which the professional activity is carried out.
The relationship between health and work is scientifically approached through the prism of psychosocial risks, harassment, suffering at work, quality of life at work, etc. This research, which is part of information and communication sciences, aims to understand health at work through the arduousness of “dirty works” by adopting the framework of communication approaches in organizations (Bouillon et al., 2007). It is therefore a question of seeing in what way and how the interactions (verbal and non-verbal exchanges) and the communication practices of organizations and their actors are likely to contribute to the arduousness of “dirty works”. Hardship “designates the restrictive and trying nature resulting from work and organization; that is to say the difficulties that the operator must endure and/or the distinctive efforts that he must provide in carrying out a given task. » (Leduc and Valléry, 2016 : 321). Our understanding of this notion leads us to conceive of any job, whatever its nature, as involving a risk of exposure to a form of arduousness (physical and/or psychological) (Burellier et al., 2019). “Dirty works” defined by Hughes as “works which are seen by society as physically, socially or morally tainted” (1958 : 122), would be part of these professions considered difficult. They involve demanding physical tasks, a lack of social recognition due to the low prestige of the job and difficult and dangerous working conditions.
Our investigation was carried out in a French company specializing in cleaning and used three data collection techniques: observation, interview and the creation of a documentary corpus. The results show that beyond lived experience, the representations and perceptions of cleaning agents about their job (“dirty work” and difficult job) are partly linked to informational and communicational phenomena. Interactions, managerial communication practices and institutional discourses inform and act to prevent arduousness. At the same time, they can help to reinforce their feelings through some paradoxes that they present. Considering communicational dimension is therefore important in preventing arduousness and promoting the quality of life at work.
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The question of the relationship between work and health has attracted the interest of researchers since the 1960s (Becker, 1964) and of public authorities for several decades. It still remains a hot topic in France today with, the protests generated by the pension reform in 2023. If work can participate in the construction of the individual's identity, personal development and life satisfaction (Hélardot, 2005), it can also be the cause of several damage to the health of individuals and even death. Gollac (2007) suggests analyzing the deleterious effects of work on health through the conditions in which the professional activity is carried out.
Citation bibliographique
Todo-Alipui, Messan (1986-....) (2023), Une approche communicationnelle de la pénibilité des "sales boulots" [Thèse]