Le temps des académiciennes : la féminisation d'une institution traditionnelle
- Blavy, Marine (2024)
Mémoire
Non consultable
-
- Le temps des académiciennes : la féminisation d'une institution traditionnelle
-
- The time of women academicians : the feminization of a tradional institution
-
- 4 juillet 2024
-
- Académie française
- Genre
- Histoire culturelle
- Femmes
- Champ littéraire
-
- French Academy
- Gender
- Cultural history
- Women
- Literary field
-
-
Le 6 mars 1980, pour la première fois en près de trois cent cinquante ans d'existence, l'Académie française accueillait en son sein une femme, la très populaire romancière et essayiste Marguerite Yourcenar. On retient souvent cette date comme un basculement pour l'institution : le cénacle à la réputation misogyne et conservatrice rentre enfin dans son siècle en accédant aux demandes de nombreux mouvements féministes. Depuis, seules dix autres femmes ont gagné la faveur des "Immortels" et été autorisées à siéger sous la Coupole emblématique de l'Institut de France, un état de fait souvent critiqué par les journalistes spécialistes de la question et même, depuis quelques années, par les autorités politiques. Ces critiques sont parfois contestées par les premiers intéressés, mais non sans fondement de la part des deux parties : l'institution est constamment tiraillée entre son rôle de consécration littéraire, étant souvent désignée comme un "Panthéon pour les vivants", ce qui implique un certain degré de représentativité du champ littéraire contemporain, et un fonctionnement de club de sociabilité typiquement masculin hérité de la tradition du XIXe siècle.
Ce dilemme attise les dissensions internes, qui, associées à une tradition académique particulièrement viriliste dans l'expression de ses opinions littéraires comme de ses symboles comme le costume et l'épée, expliquent que l'Académie a eu du mal à faire une place à ses académiciennes. Les premières élues ont souvent dû faire quelques concessions pour être acceptées pleinement par leurs confrères, ouvrant ainsi la voie à d'autres qui ont ainsi acquis une position plus égale avec leurs homologues masculins.
-
Le 6 mars 1980, pour la première fois en près de trois cent cinquante ans d'existence, l'Académie française accueillait en son sein une femme, la très populaire romancière et essayiste Marguerite Yourcenar. On retient souvent cette date comme un basculement pour l'institution : le cénacle à la réputation misogyne et conservatrice rentre enfin dans son siècle en accédant aux demandes de nombreux mouvements féministes. Depuis, seules dix autres femmes ont gagné la faveur des "Immortels" et été autorisées à siéger sous la Coupole emblématique de l'Institut de France, un état de fait souvent critiqué par les journalistes spécialistes de la question et même, depuis quelques années, par les autorités politiques. Ces critiques sont parfois contestées par les premiers intéressés, mais non sans fondement de la part des deux parties : l'institution est constamment tiraillée entre son rôle de consécration littéraire, étant souvent désignée comme un "Panthéon pour les vivants", ce qui implique un certain degré de représentativité du champ littéraire contemporain, et un fonctionnement de club de sociabilité typiquement masculin hérité de la tradition du XIXe siècle.
-
-
On March 6th, 1980, for the very first time in almost three hundred and fifty years of existence, the French Academy welcomed a woman among its ranks, the very popular novelist and essayist Marguerite Yourcenar. This date is often cited as a sharp turn for the institution : the reputedly misogynistic and conservative assembly was finally aligning itself with the times by acquiescing to the demands of numerous feminist movements. Since then, only ten other women have gained the favor of the "Immortals" and been authorized to occupy a seat underneath the emblematic Dome of the French Institute, a state of fact that has often been criticized by specialized journalists and even, as of a few years ago, the political authorities. These critiscisms may sometimes be refuted by the concerned parties, however neither side is without cause : the institution is torn between its function as a literary consecration device, often being deemed a "Pantheon for the living", which presupposes a certain degree of representativeness of the contemporary literary field, and the functionning of a typically masculine social club inherited from the tradition of the 19th century.
This dilemma fuels internal strife, which, associated with a particularly virilist academic tradition, be it expressed in its literary opinions or in its symbols such as the costume and the sword, explains why the Academy has had a tough time making a place for its female academicians. The first few elected women have often had to make some compromises to be fully accepted by their peers, leading the way for others to acquire an equal footing with their masculine counterparts.
-
On March 6th, 1980, for the very first time in almost three hundred and fifty years of existence, the French Academy welcomed a woman among its ranks, the very popular novelist and essayist Marguerite Yourcenar. This date is often cited as a sharp turn for the institution : the reputedly misogynistic and conservative assembly was finally aligning itself with the times by acquiescing to the demands of numerous feminist movements. Since then, only ten other women have gained the favor of the "Immortals" and been authorized to occupy a seat underneath the emblematic Dome of the French Institute, a state of fact that has often been criticized by specialized journalists and even, as of a few years ago, the political authorities. These critiscisms may sometimes be refuted by the concerned parties, however neither side is without cause : the institution is torn between its function as a literary consecration device, often being deemed a "Pantheon for the living", which presupposes a certain degree of representativeness of the contemporary literary field, and the functionning of a typically masculine social club inherited from the tradition of the 19th century.
Citation bibliographique
Blavy, Marine (2024), Le temps des académiciennes : la féminisation d'une institution traditionnelle [Mémoire]