Comment les femmes au sein des communautés manouches construisent-elles leur agentivité tout en préservant leur identité ?
- Amouroux, Elise (2024)
Mémoire
Non consultable
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- Comment les femmes au sein des communautés manouches construisent-elles leur agentivité tout en préservant leur identité ?
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- "How do women within Manouche communities construct their agency while preserving their identity ?"
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- 22 septembre 2024
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- Manouches
- Agentivité
- Identité
- Féminisme
- Égalité des sexes
- Stéréotypes
- Propreté
- Valeur symbolique
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- Manouches
- Agency
- Identity
- Feminism
- Gender equality
- Stereotypes
- Cleanliness
- Symbolic value
- travelor
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Les jeunes filles et les femmes dans les communautés que j'ai étudiées rejettent la notion de féminisme, qu'elles associent à un 'mode de vie gadji.' Pour elles, le terme 'féministe' et le concept de 'féminisme' représentent un autre aspect de la culture dominante gadji qui leur est imposé. Le féminisme, lié à la culture gadji, incarne un ensemble de valeurs et de pratiques perçues comme étrangères et imposées de l'extérieur. Ainsi, le rejet du féminisme par ces femmes n'est pas un refus de l'égalité des sexes, mais plutôt une opposition aux influences extérieures qui tentent de dicter leurs structures sociales et leurs valeurs. Elles affirment leur droit de définir leur propre mode de vie, libre des pressions d'intégration de la société sédentaire environnante.
Dans ce mémoire, je souhaite donner une voix et une perspective à de nombreuses jeunes filles qui ne sont pas entendues. J'espère déconstruire les stéréotypes qui sont faits sur nombre de ces communautés, lesquels ne respectent pas la réalité. Pour ce mémoire, j'ai étudié plusieurs grandes familles dans la périphérie de Toulouse. Mon mémoire se concentre sur les femmes et leurs expériences.
Dans la première section, j'examine le concept de propreté, en m'inspirant des travaux d'Okley et de Mary Douglas. Cette section explore la valeur symbolique accordée à la propreté dans ces communautés et comment des perceptions différentes de ce qui est considéré comme 'propre' influencent leur vie quotidienne. La deuxième section se concentre sur la maternité, perçue comme une source de grande fierté et une étape clé dans l'obtention du statut social pour les jeunes femmes. Alors que la culture dominante associe souvent la grossesse à des préoccupations, dans ces communautés, elle représente un rôle social important et une transition de statut.
La troisième section traite de la manière dont le savoir est transmis à travers des expériences pratiques en famille plutôt que par l'éducation formelle. Les écoles sont utilisées pour l'alphabétisation, mais elles ne sont pas considérées comme une voie directe vers l'emploi ; les compétences nécessaires pour gagner sa vie sont transmises au sein de la famille. Dans la quatrième section, j'explore le rôle du logement dans le maintien de la cohésion communautaire et comment les espaces de vie sont choisis. J'examine également comment les femmes naviguent dans les structures patriarcales dans ces contextes, en particulier au sein des terrains familiaux patriarcaux.
La cinquième section, inspirée par Rubio, se concentre sur l'usage du langage et du vocabulaire parmi les femmes, montrant comment leur discours reflète leurs rôles sociaux et leurs expériences personnelles. Enfin, je remets en question le stéréotype selon lequel les femmes dans ces communautés sont purement opprimées par des structures patriarcales. Je souligne la protection et le soutien que leur communauté offre et que l'État échoue souvent à fournir. Je remets également en question la critique féministe dominante qui associe le travail domestique à l'oppression, en soutenant que pour beaucoup de ces femmes, des tâches comme la cuisine et le ménage sont des sources de fierté et ne devraient pas être dévalorisées. Ici, je discute de l’endroit où la communauté fournit une protection que l’État ne peut pas offrir. Je veux également questionner la perspective féministe typique qui dit que les femmes qui cuisinent et nettoient sont opprimées. Je ne souhaite invalider l’expérience de personne, mais je souhaite dire que, pour certaines femmes, ces tâches sont associées à une grande fierté. Personne ne devrait dire à ces filles que ce qu’elles font n’a pas d’importance ou qu’elles devraient gravir les échelons de l’entreprise si ce n’est pas leur souhait.
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Les jeunes filles et les femmes dans les communautés que j'ai étudiées rejettent la notion de féminisme, qu'elles associent à un 'mode de vie gadji.' Pour elles, le terme 'féministe' et le concept de 'féminisme' représentent un autre aspect de la culture dominante gadji qui leur est imposé. Le féminisme, lié à la culture gadji, incarne un ensemble de valeurs et de pratiques perçues comme étrangères et imposées de l'extérieur. Ainsi, le rejet du féminisme par ces femmes n'est pas un refus de l'égalité des sexes, mais plutôt une opposition aux influences extérieures qui tentent de dicter leurs structures sociales et leurs valeurs. Elles affirment leur droit de définir leur propre mode de vie, libre des pressions d'intégration de la société sédentaire environnante.
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The young girls and women in the communities I studied reject the notion of feminism, which they associate with a "Gadji way of life." To them, the term "feminist" and the concept of "feminism" represent another aspect of the dominant Gadji culture being imposed upon them. Feminism, linked to Gadji culture, embodies a set of values and practices that are perceived as foreign and externally imposed. Therefore, the rejection of feminism by these women is not a denial of gender equality, but rather an opposition to outside influences attempting to dictate their social structures and values. They assert their right to define their own way of life, free from the integration pressures of the surrounding sedentary society.
In this memoir, I want to give a voice and the perspective of a lot of girls that are not heard. I hope to debunk the stereotypes that are made on many of these communities that do not respect the reality. For this memoire, I studied Traveler people in the outskirts of Toulouse. My memoire focuses on women and their experiences.
In the first section, I investigate the concept of cleanliness, drawing on the works of Okley and Mary Douglas. This section explores the symbolic value placed on cleanliness in these communities, and how differing perceptions of what is considered "clean" shape their daily lives. The second section focuses on motherhood, which is viewed as a source of immense pride and a key step in achieving social status for young women. While mainstream culture often associates pregnancy with worry, in these communities it signifies an important social role and status transition. The third section discusses how knowledge is transmitted through practical, family-based experiences rather than formal education. While schools are used for literacy, they are not seen as a direct route to employment; instead, the skills for earning a living are passed down within the family. In the fourth section, I explore the role of housing in maintaining community cohesion and how living spaces are chosen. I also examine how women navigate patriarchal structures in these contexts, particularly within patriarchal family terrains. The fifth section, inspired by Rubio, focuses on the use of language and vocabulary among women, showing how their speech reflects their social roles and personal experiences. Finally, I challenge the stereotype that women in these communities are purely oppressed by patriarchal structures. I highlight the protection and support their community offers that the state often fails to provide. I also question the mainstream feminist criticism that equates domestic work with oppression, arguing that for many of these women, tasks such as cooking and cleaning are sources of pride and should not be dismissed or devalued. Here I discuss where the community provides the protection that the state cannot provide. I also want to question the typical feminist perspective that says that women that cook and clean are oppressed. I don’t wish to invalidate anyone’s experience but I do wish to say that for some women these tasks have a lot of pride associated to them. I don’t think anyone should tell these girls that what they’re doing is not important or that they should go climb the corporate ladder if that’s not what they wish to do.
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The young girls and women in the communities I studied reject the notion of feminism, which they associate with a "Gadji way of life." To them, the term "feminist" and the concept of "feminism" represent another aspect of the dominant Gadji culture being imposed upon them. Feminism, linked to Gadji culture, embodies a set of values and practices that are perceived as foreign and externally imposed. Therefore, the rejection of feminism by these women is not a denial of gender equality, but rather an opposition to outside influences attempting to dictate their social structures and values. They assert their right to define their own way of life, free from the integration pressures of the surrounding sedentary society.
Citation bibliographique
Amouroux, Elise (2024), Comment les femmes au sein des communautés manouches construisent-elles leur agentivité tout en préservant leur identité ? [Mémoire]