Étude de la figure féminine dans l’art nihonga à travers l’œuvre d’Uemura Shôen et son évolution de la fin de l’ère Meiji au début de l’ère Shôwa
- Alvarado, Cristina (2024)
Mémoire
Non consultable
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- Étude de la figure féminine dans l’art nihonga à travers l’œuvre d’Uemura Shôen et son évolution de la fin de l’ère Meiji au début de l’ère Shôwa
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- 8 juillet 2024
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- Uemura Shôen
- Nihonga
- Bijiinga
- Peinture
- Représentation féminine
- Meiji
- Taishô
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Le Japon connut de nombreux changements sociétaux à la suite de l’ouverture forcée du pays aux puissances étrangères au milieu du XIXe siècle. Les décennies qui suivirent furent consacrées à moderniser le Japon afin que celui-ci soit reconnu en tant que pays souverain à l’échelle internationale. Pour ce faire, le gouvernement chercha une coopération de la population tout entière au moyen d’un système basé sur l’assimilation de la famille à la nation. Basé sur les principes patriarcaux d’influence confucianiste, le rôle imposé aux femmes se limita au foyer et à préserver la tradition par leur apparence. L’image de la femme fut alors construite dans cette visée, ce qui mena le kimono à devenir également une icône de la tradition japonaise.
Au tournant de l’ère Taishô, la naissante culture de masse parvint à propager en tant qu’idéal l’image de la femme de classe moyenne, s’occupant de la famille et demeurant dans les traditions japonaises. L’art, jouant un rôle essentiel dans ce processus, préservait la culture autochtone et disséminait l’image idéale féminine conformément aux buts de l’État. Cependant, le mouvement féministe prend de l’ampleur à l’ère Taishô lorsque les concepts de démocratie et de droits individuels gagnent en puissance, ce qui a entrainé un changement dans ces images.
L’intérêt de cette recherche porte sur l’évolution de la place de la femme dans la société, et sa représentation dans les bijinga. En particulier, la perception de la femme quant à sa propre image dévoile une facette peu étudiée de l’histoire de l’art japonais. Ainsi, ce mémoire étudie l’œuvre d’Uemura Shôen, une des rares femmes artistes à succès, qui a vécu les mutations au cours de l’ère Meiji jusqu’à l’ère Shôwa, en éprouvant l’influence occidentale, l’essor du mouvement féministe, la montée du nationalisme et l’impérialisme japonais, jusqu’à l’immédiat après-guerre.
Shôen était une artiste singulière en raison de son fort caractère et son affection envers les traditions japonaises. Elle représentait la beauté féminine par des figures au caractère noble et gracieux, en leur donnant une apparence pure d’après les canons de beauté traditionnels. Sa technique et ses choix de sujets évoluèrent le long de sa carrière. Ses premières peintures témoignent d’une forte influence des diverses écoles d’art de Kyôto. Son style réaliste réussit les proportions des figures et la beauté des vêtements à l’aide de traits bien définis qui prévalaient sur la couleur. Son style devient plus doux et clair à l’ère Taishô, et sa composition plus simple, en mettant en avant la protagoniste sous un arrière-plan vide.
En outre, les thèmes récurrents dans l’œuvre de Shôen comportaient des mœurs japonaises, des journées quotidiennes, et des inspirations de la littérature japonaise. À l’ère Taishô, Shôen introduisit dans son répertoire des scènes du théâtre nô en vue d’explorer davantage la psychologie des personnages. Le travail de Shôen atteignit sa maturité à l’ère Shôwa en représentant des femmes du théâtre nô. Celles-ci n’affichent pas de fortes émotions mais font preuve de force féminine. La figure de la femme perd en mouvement corporel en imitant le caractère peu dynamique du théâtre nô, mais acquiert une expressivité subtile qui parvient néanmoins à dévoiler beaucoup. Par ailleurs, l’idéal de beauté de Shôen subsistait dans l’image des femmes au foyer, quoique sa représentation promouvait une pensée nationaliste émergeante à l’ère Shôwa comme prémices de la guerre de 15 ans, qui sera déclenchée par la conquête de la Mandchourie par les Japonais en 1931. Outre des connotations nationalistes, les dernières peintures de Shôen attestent des subtilités modernes, parfois influencées des styles occidentaux, alors que Shôen refusa toute sa vie les techniques étrangères.
Ainsi, ses œuvres dégagent une beauté idéale non seulement superficiel, mais conforme aux valeurs qu’elle acquit au fil du temps, tout en préservant la tradition picturale japonaise.
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Le Japon connut de nombreux changements sociétaux à la suite de l’ouverture forcée du pays aux puissances étrangères au milieu du XIXe siècle. Les décennies qui suivirent furent consacrées à moderniser le Japon afin que celui-ci soit reconnu en tant que pays souverain à l’échelle internationale. Pour ce faire, le gouvernement chercha une coopération de la population tout entière au moyen d’un système basé sur l’assimilation de la famille à la nation. Basé sur les principes patriarcaux d’influence confucianiste, le rôle imposé aux femmes se limita au foyer et à préserver la tradition par leur apparence. L’image de la femme fut alors construite dans cette visée, ce qui mena le kimono à devenir également une icône de la tradition japonaise.
Citation bibliographique
Alvarado, Cristina (2024), Étude de la figure féminine dans l’art nihonga à travers l’œuvre d’Uemura Shôen et son évolution de la fin de l’ère Meiji au début de l’ère Shôwa [Mémoire]