Numéro national de thèse

2025TLSEJ030

Titre en français

Panser la terre. La traction animale, une pratique paysanne, durable et moderne

Titre en anglais

Healing and thinking the earth. Animal traction, a sustainable and modern agricultural practice

Auteur

Miara, Maurice (19..-.... ; docteur en études rurales)

Directeur de recherche

Gafsi, Mohamed (19..-.... ; professeur en sciences de gestion)

Co-directeur de recherche

Boudes, Philippe (1979-....)

Date de soutenance

13 juin 2025

Établissement

Université de Toulouse

Université Toulouse-Jean Jaurès

École doctorale

TESC : Temps, Espace, Société, Culture

Diplôme

Doctorat en Etudes Rurales

Unité de recherche

Laboratoire Interdisciplinaire Solidarités, Sociétés, Territoires - LISST

Sujet

Agriculture, économie et politique

Environnement et société

Mots-clés en français

Traction animale

Durabilité

Agroécologie

Innovation

Agriculture paysanne

Modernité

Mots-clés en anglais

Animal traction

Sustainability

Agroecology

Innovation

Peasant farming

Modernity

Résumé en français

Dans un contexte de prise en compte des enjeux environnementaux, de nombreux agriculteurs écologisent leurs pratiques et s’orientent vers une agroécologie forte. Se développant sous des formes alternatives, ils remettent en question le productivisme, et interrogent nos rapports à la croissance, à la modernité et au progrès. Parmi ces pratiques agricoles alternatives, la traction animale connait un regain d’intérêt et évite de nombreux écueils de l’agriculture conventionnelle. Bien que cette pratique demeure marginale et soit perçue comme folklorique, nous constatons une augmentation du nombre d’installations, notamment des néo-paysans en maraîchage et en viticulture.
Ce travail vise à analyser le potentiel de la traction animale agricole en France à s’inscrire comme une pratique durable et moderne dans une perspective de transition agroécologique. En s’appuyant sur l’agronomie systémique, en particulier sur le cadre de l’analyse de pratique, 67 entretiens ont été menés, dont 33 fermes. L’objectif est de comprendre les caractéristiques de la pratique, d’évaluer la durabilité des fermes la mobilisant et d’analyser les conditions de son développement.
Les agriculteurs rencontrés sont majoritairement des néo-paysans, animés par une quête de sens et des motivations politiques et de passion pour les équidés. On observe une prédominance de petites fermes, engagées vers une forte écologisation de leurs pratiques. La traction animale occupe souvent une place centrale dans ces systèmes, guidant les choix stratégiques et permettant d’affirmer l’identité paysanne du projet. C’est une forme de coproduction avec le vivant. Par ailleurs, les fermes évaluées à l’aide de la méthode IDEA4 présentent des scores élevés de durabilité, en particulier pour les dimensions agroécologiques et socio-territoriales. Même dans la dimension économique, les fermes ont des résultats équivalents à la moyenne, démontrant la viabilité de ces modèles.
Pour autant, la traction animale peine à émerger comme une pratique reconnue et crédible. Les tensions entre les différents acteurs de la communauté de pratique, combinées à son caractère marginal, participent à son invisibilisation. Son utilisation s’inscrit pourtant dans une forme d’innovation, la rétro-innovation, et apparaît comme moderne et durable afin de répondre aux défis de la transition agroécologique.
Cette thèse analyse ainsi la réappropriation d’une pratique ancienne par des paysans engagés dans une écologisation de la société, redéfinissant nos rapports aux vivants et s’inscrivant dans une modernité alternative et durable. Les résultats soulignent la pertinence de cette forme d’agriculture alternative et son inscription au sein de la transition agroécologique.

Résumé en anglais

Against a backdrop of growing awareness of environmental issues, many farmers are greening their practices and moving towards a strong agro-ecology. Developing in alternative forms, they are challenging productivism and questioning our relationship with growth, modernity and progress. Among these alternative farming practices, animal traction is knowing a resurgence of interest, avoiding many of the pitfalls of conventional agriculture. Although this practice remains marginal and is perceived as folkloric, we are seeing an increase in the number of installations, particularly by neo-farmers in market gardening and viticulture.
The aim of this work is to analyze the potential of agricultural animal traction in France as a sustainable, modern practice in the context of agro-ecological transition. Drawing on systemic agronomy, in particular the framework of practice analysis, 67 interviews were conducted, including 33 farms. The aim was to understand the characteristics of the practice, assess the sustainability of farms using it, and analyze the conditions for its development.
Most of the farmers we met were neo-peasants, driven by a quest for meaning, political motivations and a passion for equines. Small farms are predominant, with a strong commitment to greening their practices. Animal traction often plays a central role in these systems, guiding strategic choices and affirming the project's peasant identity. It's a form of co-production with the living world. Furthermore, farms evaluated using the IDEA4 method show high sustainability scores, particularly for the agroecological and socio-territorial dimensions. Even in the economic dimension, the farms achieved results equivalent to the average, demonstrating the viability of these models.
Even so, animal traction is struggling to emerge as a recognized and credible practice. Tensions between the various actors in the community of practice, combined with its marginal nature, contribute to its invisibility. Its use, however, is part of a form of innovation, retro-innovation, and appears to be modern and sustainable in order to meet the challenges of agro-ecological transition.
This thesis analyzes the reappropriation of an ancient practice by farmers committed to the ecologization of society, redefining our relationship with the living and becoming part of an alternative, sustainable modernity. The results underline the relevance of this form of alternative agriculture and its place within the agro-ecological transition.

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