Le Serment d'honnêteté et ses implications en psychologie du témoignage
- Alba, Florian (1997-.... ; docteur en psychologie sociale) (2025)
Thèse
- Numéro national de thèse
- 2025TLSEJ056
- Titre en français
- Le Serment d'honnêteté et ses implications en psychologie du témoignage
- Titre en anglais
- The honesty Oath and its implications in the psychology of testimony
- Directeur de recherche
- Py, Jacques (1964-.... ; enseignant-chercheur en psychologie)
- Co-directeur de recherche
- Launay, Céline (1985-.... ; Maître de conférences en psychologie sociale)
- Date de soutenance
- 16 septembre 2025
- Diplôme
- Doctorat en Psychologie
- Unité de recherche
- Cognition, Langues, Langage, Ergonomie - CLLE
- Sujet
- Psychologie sociale
- Mots-clés en français
- Serment
- Témoignage
- Mensonge
- Mémoire
- Certitude
- Crédibilité
- Mots-clés en anglais
- Oath
- Testimony
- Deception
- Memory
- Confidence
- Credibility
- Résumé en français
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Le témoignage oculaire joue un rôle central dans les procès, mais sa fiabilité est soumise à l’influence de nombreuses variables. Celles-ci se répartissent entre des variables estimatrices (variables inhérentes à la situation ou à l’individu) et des variables système (contrôlables par le système judiciaire). Parmi ces dernières, le serment du témoin, acte solennel engageant moralement et socialement le témoin à dire la vérité, pourrait renforcer la sincérité et la qualité des déclarations. Cette thèse explore dans quelle mesure ce serment d’honnêteté améliore la qualité et la fiabilité des témoignages.
La première étude, une Scoping Review, révèle que le serment a été majoritairement étudié en économie expérimentale, alors qu’il demeure peu exploré en psychologie légale. Les principaux résultats suggèrent que prêter serment permet de diminuer les comportements malhonnêtes, mais que son effet est modulé selon les contextes et les caractéristiques individuelles de celui qui s’y engage.
Les études 2a et 2b s’intéressent aux représentations sociales du serment chez des gendarmes, futurs magistrats et potentiels jurés. Malgré sa sécularisation, le serment reste perçu comme un acte de vérité et d’engagement. Toutefois, ses représentations varient selon les profils : les gendarmes semblent davantage l’associer à un devoir professionnel, et les auditeurs de justice y verraient plutôt un acte symbolique. Les participants plus âgés, mais également plus expérimentés dans des fonctions d’investigation, percevraient le serment comme plus efficace.
Les études 3a et 3b étudient l’effet du serment sur la qualité du témoignage, notamment par la mesure de l’exactitude et de la précision des informations transmises, ainsi que de la certitude associée aux réponses. Ces études soulignent que le serment n'a pas d'impact positif ou négatif sur les performances des témoins. Toutefois, certaines tendances émergent. La prestation d’un serment semble influencer les stratégies métacognitives des témoins : ceux-ci font preuve de plus de prudence en s’abstenant davantage lorsqu’ils doutent.
L’étude 4 se focalise sur l'influence d'un serment d'honnêteté sur l'occurrence des comportements mensongers. Face à un dilemme entre loyauté prosociale et intégrité scientifique, la grande majorité des participants a préféré mentir, qu’ils aient prêté serment ou non. Une explication à cela serait que la loyauté et l'identification sociale envers la complice aient neutralisé l’influence du serment. Par ailleurs, des évaluateurs ont jugé plus crédibles les témoignages mensongers non précédés d’un serment que ceux énoncés avec serment. La diminution de certains indices liés à la crédibilité dans le discours de ces derniers pourrait indiquer que le serment augmente la charge cognitive du menteur, rendant plus difficile la construction d’un discours mensonger convaincant.
Cette thèse souligne les limites et les modalités d'action du serment d’honnêteté. Il ne peut être considéré comme une garantie suffisante de sincérité. Il apparaît donc nécessaire de prendre en compte la complexité des facteurs psychologiques, sociaux et moraux qui influencent les déclarations des témoins. En combinant plusieurs stratégies, il serait possible d’améliorer la fiabilité des témoignages et, par conséquent, de renforcer l’efficacité du système judiciaire. - Résumé en anglais
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Eyewitness testimony plays a central role in trials, but its reliability is subject to the influence of numerous variables. These can be divided into estimator variables (inherent to the situation or the individual) and systemic variables (controllable by the judicial system). Among the latter, the witness oath, a solemn act morally and socially binding the witness to tell the truth, could enhance the sincerity and quality of statements. This thesis explores the extent to which this oath of honesty improves the quality and reliability of testimony.
The first study, a Scoping Review, reveals that the oath has been mostly studied in experimental economics, whereas it remains scarcely explored in legal psychology. The main findings suggest that taking an oath reduces dishonest behavior, but its effect is modulated by the context and the individual characteristics of the person taking it.
Studies 2a and 2b examine the social representations of the oath among gendarmes, future magistrates, and potential jurors. Despite its secularization, the oath is still perceived as an act of truth and commitment. However, its perception varies depending on the profile: gendarmes tend to associate it more with professional duty, while legal auditors view it more as a symbolic act. Older participants, as well as those with more investigative experience, perceived the oath as more effective.
Studies 3a and 3b investigate the effect of the oath on testimony quality, specifically measuring the accuracy and precision of the information provided, as well as the confidence associated with the responses. These studies highlight that the oath does not have a clear positive or negative impact on witness performance. Nevertheless, certain trends emerge: taking an oath seems to influence witnesses’ metacognitive strategies, leading them to exercise greater caution and to refrain from responding when in doubt.
Study 4 focuses on the influence of an oath of honesty on the occurrence of deceptive behavior. Faced with a dilemma between prosocial loyalty and scientific integrity, the vast majority of participants chose to lie, regardless of whether they had taken an oath. One possible explanation is that loyalty and social identification with the accomplice neutralized the influence of the oath. In addition, evaluators judged lies told without an oath to be more credible than those told under oath. The decrease in certain credibility indicators in the latter's statements may indicate that the oath increases the cognitive load on the liar, making it more difficult to construct a convincing false statement.
This thesis highlights the limitations and mechanisms of the oath of honesty. It cannot be considered a sufficient guarantee of sincerity. It therefore seems necessary to consider the complexity of the psychological, social, and moral factors that influence witness statements. By combining several strategies, it may be possible to improve the reliability of testimony and, consequently, strengthen the effectiveness of the judicial system. - Accès au document
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Citation bibliographique
Alba, Florian (1997-.... ; docteur en psychologie sociale) (2025), Le Serment d'honnêteté et ses implications en psychologie du témoignage [Thèse]