Médiation pastorale : concilier un système agricole en mutation et activité touristique accrue dans la commune d’Orcières (Hautes-Alpes)
- Garreau, Antoine (2025)
Mémoire
- Titre en français
- Médiation pastorale : concilier un système agricole en mutation et activité touristique accrue dans la commune d’Orcières (Hautes-Alpes)
- Auteur
- Garreau, Antoine
- Directeur de recherche
- Antoine, Jean-Marc (19..-.... ; géographe)
- Date de soutenance
- 12 septembre 2025
- Établissement
- Université Toulouse-Jean Jaurès
- UFR ou composante
- Département Géographie-Aménagement-Environnement
- Sujet
- Géographie
- Mots-clés en français
- Pastoralisme
- Tourisme
- Chien de protection
- Médiation
- Parc national des Ecrins
- Champsaur
- Mots-clés dans une autre langue
- Pastoralism
- Tourism
- Livestock guarding dogs
- Mediation
- Ecrins National Park
- Champsaur
- Résumé en français
-
La vallée du Champsaur, située dans le Parc national des Ecrins, incarne avec force les tensions contemporaines que connaissent les espaces de montagne, contraints d’allier préservation de l’environnement, pratiques agricoles et développement touristique. L’essor d’un public de randonneurs souvent novice face aux codes montagnards – bien qu’il génère des opportunités économiques – accentue la fréquentation des sentiers et multiplie les occasions de contact avec les troupeaux et leurs chiens de protection.
Ces rencontres – sources fréquentes d’incompréhension – rappellent combien la cohabitation entre usagers reste fragile et combien le multiusage de la montagne atteint parfois ses limites. Cette fragilité s’est d’autant plus accentuée avec le retour du loup gris, qui, tout en marquant une avancée en termes de biodiversité, a profondément déstabilisé des pratiques pastorales façonnées depuis des décennies sans la présence de ce prédateur. Les éleveurs ont dû intégrer de nouvelles stratégies de défense, dont l’emploi de chiens de protection. Si cette mesure se révèle globalement efficace, elle ne va pas sans contraintes : coût élevé, investissement personnel considérable dans l’éducation de l’animal, et surtout la crainte d’un incident provoqué par le chien. La gestion de ce territoire se retrouve alors dans une position d’arbitrage délicate, cherchant à équilibrer intérêts humains, impératifs économiques et objectifs écologiques.
C’est dans ce contexte que le métier de médiateur pastoral a émergé comme une réponse particulièrement adaptée. En allant directement au-devant des randonneurs, en organisant des actions pédagogiques et en menant des maraudes, le médiateur favorise la diffusion des comportements appropriés face aux troupeaux, contribue à désamorcer les tensions et incarne le rôle d’accompagnateur du dialogue entre usagers. Au-delà des actions de sensibilisation, sa présence donne un visage humain aux institutions qu’il représente et participe à recueillir les incidents rencontrés par les usagers.
Cette étude, conduite à l’échelle de la commune d’Orcières illustre concrètement ce rôle. Confrontée à des problématiques aiguës de multiusage (dans la mesure où elle abrite une station de ski), la commune d’Orcières a créé une poste de médiateur pastoral en 2024, à la suite des retours positifs de l’initiative portée par le Parc national des Ecrins (créateur du statut de médiateur pastoral en 2020). Les éleveurs et les touristes témoignent de satisfaction et confirment l’efficacité de ce dispositif, qui complète et renforce l’action des nombreuses structures et associations mobilisées dans ce réseau multiscalaire (DDT, CERPAM, IDELE, etc.). Toutefois, les acteurs locaux ne se contentent pas de ce premier succès : ils cherchent à perfectionner la sensibilisation par de nouveaux outils, en intégrant systématiquement les retours d’expérience des parties prenantes. Cette volonté d’adaptation, traduite par une écoute attentive et une réactivité institutionnelle, révèle un engagement clair en faveur d’une justice spatiale, c’est-à-dire un partage durable et équilibré de la montagne, où chacun trouve sa place malgré le retour du loup et l’évolution des pratiques touristiques. Dans ce contexte, cette étude vient présenter les missions inhérentes au poste de médiateur pastoral, et questionne son rôle au sein de la problématique de mutation des deux principaux secteurs d’activités d’Orcières. - Résumé dans une autre langue
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The Champsaur Valley, located within the Ecrins National Park, is a strong example of the contemporary tensions experienced in French mountain areas, which are required to reconcile environmental conservation, agricultural practices, and tourism development. The rise in the number of hikers, often unfamiliar with mountain norms, while generating economic opportunities, has increased trail traffic and multiplied encounters with livestock and their guarding dogs.
These encounters highlight how fragile coexistence between users remains and how the multi-use of the mountains sometimes reaches its limits. This fragility has been further accentuated by the return of the grey wolf which, while representing progress in terms of biodiversity, has profoundly unsettled pastoral practices that developed over decades in the absence of this predator. Farmers have had to adopt new defensive strategies, including the use of livestock guarding dogs. Although this measure has generally proven effective, it comes with constraints: high costs, significant personal investment in training the animals, and, above all, the fear of an incident caused by the dogs. Management of this territory thus finds itself in a delicate position of arbitration, seeking to balance human interests, economic imperatives, and ecological objectives.
It is in this context that the role of pastoral mediator has emerged as a particularly suitable response. By directly engaging with hikers, organising educational activities, and carrying out patrols, the mediator promotes the dissemination of appropriate behaviour around livestock, helps to defuse tensions, and embodies the role of facilitator in dialogue between users. Beyond awareness-raising actions, their presence gives a human face to the institutions they represent and helps to collect reports of incidents experienced by users.
This study, conducted at the geographical level of Orcières, illustrates this role concretely. Confronted with acute issues of multi-use (as it is home to a ski resort), Orcières created a pastoral mediator position in 2024, following positive feedback from the initiative launched by the Ecrins National Park (which established the role of pastoral mediator in 2020). Both farmers and tourists express satisfaction and confirm the effectiveness of this measure, which complements and strengthens the work of the many organisations and associations engaged in this multilevel network (DDT, CERPAM, IDELE, etc.). However, local stakeholders are not content with this initial success: they seek to improve awareness-raising tools by systematically integrating feedback from the parties involved. This willingness to adapt, reflected in attentive listening and institutional responsiveness, reveals a clear commitment to spatial justice – that is, to a sustainable and balanced sharing of the mountains – where everyone can find their place despite the return of the wolf and the evolution of tourism practices. Within this context, this study sets out to present the duties inherent to the role of pastoral mediator and to examine its place within the broader issue of change in Orcières’ two main sectors of activity. - Accès au document
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Citation bibliographique
Garreau, Antoine (2025), Médiation pastorale : concilier un système agricole en mutation et activité touristique accrue dans la commune d’Orcières (Hautes-Alpes) [Mémoire]