Et l'Homme créa l'Homme : distanciation face au monde animal et création de la singularité humaine dans le processus de domestication proche-oriental
- Sébastia, Kévin (2018)
Mémoire
Accès restreint
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- Et l'Homme créa l'Homme : distanciation face au monde animal et création de la singularité humaine dans le processus de domestication proche-oriental
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- 22 juin 2018
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- Préhistoire
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Les chasseurs-cueilleurs considèrent globalement que les animaux sont des humains déguisés. Ils partagent avec le règne animal ce que Philippe Descola nomme une « intériorité ». Dans les sociétés préhistoriques du Proche-Orient une telle similitude des intériorités a dû s’avérer problématique lorsque le processus de domestication animale, la soumission de ce dernier, s’est mis en place. Comment domestiquer celui qui est son égal ?
Au cours de ce travail j’étudie les divers procédés mis en œuvre afin de légitimer la fin de l’équité du don/contre-don unissant l’Homme à l’Animal. Avant de procéder, je montre que l’ontologie dominante du PPN présente, sans doute, un principe de similitude des intériorités similaire à celui en rigueur chez les chasseurs-cueilleurs subactuels. Les associations entre humains et non-humains au sein des sépultures me servent à étayer ce propos et à montrer l’incompatibilité de l’ontologie naturaliste comme le peu de probabilité d’une ontologie analogiste. Les Hommes de la Préhistoire proche-orientale sont donc totémistes ou animistes et possèdent donc une intériorité commune aux animaux. Ils ont dû s’accorder des droits particuliers afin de pouvoir mettre à mort et dominer l’Animal. Cela passe sans doute par l’appropriation des capacités cynégétiques propres aux prédateurs, visible au travers de l’art et de manière éloquente à Göbekli Tepe. L’Homme deviendrait au cours du PPNA, et davantage encore au moment de la transition vers le PPNB, le Prédateur Suprême. Il légitimerait ainsi son droit de vie et de mort sur l’Animal et la mise en place progressive d’une hiérarchisation verticale des Existants. Il s’opposerait ainsi un monde de dominés et de dominants. La domination interviendrait notamment grâce au parangon offert par la céréaliculture et ce que je nomme un traitement à la multitude : le dialogue entre un individu et une multitude d’entités. La création de ces deux mondes s’accompagnerait d’une distinction des classes humaines et non-humaines -que cela soit entre elles ou à l’intérieur d’elles-mêmes- et une volonté d’ordonner le monde, comme les existants, notamment visible au travers du passage vers une architecture composée de lignes droites et d’angles aigus rompant avec un monde naturel est également visible.
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Les chasseurs-cueilleurs considèrent globalement que les animaux sont des humains déguisés. Ils partagent avec le règne animal ce que Philippe Descola nomme une « intériorité ». Dans les sociétés préhistoriques du Proche-Orient une telle similitude des intériorités a dû s’avérer problématique lorsque le processus de domestication animale, la soumission de ce dernier, s’est mis en place. Comment domestiquer celui qui est son égal ?
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Hunter-gatherers usually consider that animals are humans in disguise. They share with the animal kingdom what Descola names an « interiority ». In near-eastern prehistoric societies such an interiority’s similarity must have been problematic when animal domestication, the submission of the latter, occurred. How to domesticate its equal?
Throughout my work, I studied the several processes used to legitimize the end of gift/counter-gift equity. Before this, I searched for the PPN’s dominant ontology and showed that it was certainly one with a principle of similarity of interiority as we can find in current hunter-gatherers. Associations between humans and nonhumans found within burials helped me to show the incompatibility of naturalist ontology as the poor probability of analogist ontology. Humans from near-eastern prehistory must have been either animists or totemists and therefore have a common interiority with animals. They had to grant themselves special rights to kill and to dominate the Animal. This process probably involves the appropriation of predator’s hunting abilities which are eloquently visible through art and Göbekli Tepe. Man became during the PPNA, and even more at the transition to PPNB, the Ultimate Predator. The reason of this would be the legitimization of his rights of death and life on Animal and thus the gradual establishment of a vertical hierarchy of Beings. Hence, he would oppose dominates and dominants. Domination would intervene thanks to the comparison offered by cultivation of cereals and what I named a handling of the multitude: the discussion between one and several entities. The creation of this two worlds would be accompanied by a distinction between humans et nonhumans classes -whatever this would be between them or within them- and a will to order the world, as the Beings, as we can see thanks to the transition to an architecture composed of straight lines and sharp angles that breaks with a natural world.
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Hunter-gatherers usually consider that animals are humans in disguise. They share with the animal kingdom what Descola names an « interiority ». In near-eastern prehistoric societies such an interiority’s similarity must have been problematic when animal domestication, the submission of the latter, occurred. How to domesticate its equal?
Citation bibliographique
Sébastia, Kévin (2018), Et l'Homme créa l'Homme : distanciation face au monde animal et création de la singularité humaine dans le processus de domestication proche-oriental [Mémoire]