Pratiques scéniques et imaginaires du travestissement en France (1830-1930) : archéologie du travestissement
- Khoury, Camille (1991-....) (2021)
Thèse
Accès libre
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- Pratiques scéniques et imaginaires du travestissement en France (1830-1930) : archéologie du travestissement
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- On-stage practices and imaginary of cross-dressing in France (1830-1930) : archaeology of cross-dressing
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- 29 janvier 2021
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- Travestissement
- Genre
- Imaginaires du corps
- Histoire du théâtre au XIXe siècle
- Culture gay
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- Cross-dressing
- Cross-casting
- Gender
- Body’s imagination
- French theatre history in the 19th century
- Gay culture
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- Ce travail de recherche se propose de reconstituer, analyser et critiquer les pratiques et les représentations du travestissement dans les arts et dans la société, selon une approche interdisciplinaire mêlant histoire du théâtre, histoire culturelle, analyses esthético-politiques, études de genre et études queer. Les études de cas consacrées au travestissement d’actrices (Virginie Déjazet et Sarah Bernhardt), aux personnages travestis dans le roman et le théâtre (Mademoiselle de Maupin de Théophile Gautier, Le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas et Gabriel de George Sand), et aux numéros de performeurs travestis au music-hall (Modanel, Bertin, Eltinge et Barbette), permettent de distinguer des pratiques, des esthétiques, des imaginaires du travestissement différents, ainsi que des définitions conceptuelles, des significations politiques et culturelles plurielles qui varient au cours du temps. Après avoir esquissé un paysage des pratiques de travestissement dans les arts de la scène (théâtre, ballet, opéra) aux prises avec les normes qui tentent de circonscrire leurs usages et leur portée politique au XIXe siècle, une progression chronologique nous permet de distinguer deux époques. La première, entre 1830 et 1880, est marquée par une recrudescence du travestissement féminin sur la scène et dans la littérature. Les représentations du travestissement féminin sont, comme toutes les représentations de transgression de classe conformément à l'esthétique romantique, traversées par une profonde dualité entre le collectif et l’individu, entre la norme et l’exception. Sur scène, dans la fiction et dans le théâtre social, le travestissement est strictement normé par des règles esthétiques et politiques qui semblent lui ôter tout potentiel subversif, notamment dans le vaudeville. Néanmoins c'est par le jeu et par la mise en place de stratégies de construction de soi entremêlant personne privée et persona théâtrale que certaines actrices font du travestissement la scène d’une lutte de pouvoir, un contre-dispositif de résistance aux normes de genre et de sexualité. Puis, à l'aune d'une perception de plus en plus moraliste du changement d'apparence, entre 1880 et 1930, le travestissement n’est plus l’apanage d’un individu unique, il est le stigmate d’une identité dite homosexuelle. Le travestissement est de plus en plus clairement la métaphore d’un certain type de déviance sexuelle, nommée à l’époque « inversion » et devient un élément central de la culture gay.
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- This research work seeks to reconstruct, analyse and criticise the practices and images of cross-dressing in the arts and in society, taking an interdisciplinary approach combining theatre history, cultural history, aesthetic and political analysis, gender studies and queer epistemology. Case studies devoted to actresses in breeches roles (Virginie Déjazet and Sarah Bernhardt), transvestite characters in novels and plays (Mademoiselle de Maupin by Théophile Gautier, Le Comte de Monte-Cristo by Alexandre Dumas and Gabriel by George Sand), and the performances of music-hall female impersonators (Modanel, Bertin, Eltinge and Barbette), allow us to distinguish different practices, aesthetics and imaginaries of transvestism, as well as plural conceptual definitions, political and cultural meanings that vary over time. After having sketched out a landscape of cross-casting practices in the performing arts (theatre, ballet, opera) in the grip of the norms that attempt to circumscribe their uses and political significance in the 19th century, a chronological progression allows us to distinguish two periods. The first, between 1830 and 1880, was marked by the upsurge of breeches roles and female transvestism on the stage and in literature. Like all representations of class transgression in accordance with Romantic aesthetics, representations of female cross-dressing are marked by a profound duality between the collective and the individual, between the norm and the exception. On stage, in fiction and in social theatre, cross-dressing is strictly regulated by aesthetic and political rules which seem to remove any subversive potential, especially in vaudeville. Nevertheless, it is through acting and the implementation of self-construction strategies that intertwine the private person and the theatrical persona that some actresses make cross-casting and transvestism the scene of a power struggle, a counter-instrument to gender and sexuality norms. Then, in the light of an increasingly moralistic perception of the change in appearance, between 1880 and 1930, transvestism is no longer the prerogative of a single individual, it is the stigma of an identity, so called homosexual. Cross-dressing is increasingly clearly the visual metaphor of a certain type of sexual deviancy, known at the time as "inversion", and becomes ostensibly and jointly the exhibition of a body seen as monstrous and a central element of gay culture.
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Citation bibliographique
Khoury, Camille (1991-....) (2021), Pratiques scéniques et imaginaires du travestissement en France (1830-1930) : archéologie du travestissement [Thèse]