"Être au four, au moulin et dans les champs" : la fabrique politique du pain. Récits et trajectoires de boulanger·ères-paysan·nes
- Barbier, Chloé (1988-.... ; docteure en sociologie) (2023)
Thèse
Accès libre
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- "Être au four, au moulin et dans les champs" : la fabrique politique du pain. Récits et trajectoires de boulanger·ères-paysan·nes
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- In the oven, in the mill and in the fields: the political making of bread. Narratives and paths of peasant bakers
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- 20 octobre 2023
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- Boulangerie paysanne
- Mouvement social
- Réseau socio-technique
- Artisanat
- Pain
- Biodiversité cultivée
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- Peasant bakery
- Social movement
- Socio-technical network
- Craft
- Bread
- Cultivated biodiversity
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Cette recherche questionne la (re)composition contemporaine des activités boulangères alternatives en articulation avec les luttes paysannes. À travers une démarche socio-anthropologique, ce travail explore la (re)configuration d’un écosystème d’activités et d’un mouvement social autour des céréales, emblématiques des réappropriations et reconnexions entre enjeux agricoles, artisanaux et alimentaires : la boulangerie paysanne. L’analyse porte sur les dynamiques à l’œuvre derrière ces (re)agencements catégoriels, et sur la manière dont les acteurs·trices s’approprient des activités depuis longtemps dissociées par l’industrie capitaliste (agricole, minotière et boulangère). Pour quelles raisons et comment devient-on boulanger·ère paysan·ne ? Par quels processus relationnels s’engage-t-on dans cette dynamique collective qu’on qualifie de mouvement social ? Quelles sont les nouvelles représentations et manières de pratiquer ces activités proposées par les personnes et collectifs s’engageant dans les métiers de la boulangerie paysanne ?
Cette thèse s’appuie sur une démarche immersive, composée de récits de vie et d’entretiens, ainsi que de relevés ethnographiques engagés sous diverses approches. L’étude empirique révèle que la boulangerie paysanne n’est pas une catégorie uniforme. C’est un réseau socio-bio-technique d’individus s’engageant dans de nombreux champs d’activités. Cette thèse montre une grande diversité de parcours biographiques, de trajectoires marquées par de multiples bifurcations, de variations spatio-temporelles, de formes d’engagements politiques et d’organisations du travail. Cette hétérogénéité n’empêche pas la présence d’invariants, comme la volonté commune de transformer son mode de vie. Les points saillants révélés par les praticien·nes donnent alors corps à ces constantes. En premier lieu, il est question de pratiques boulangères-paysannes reconfigurées par des articulations relationnelles entre humain·es, artefacts (pétrins, moulins, fours) et entités vivantes (semences, levains). En deuxième lieu, un autre trait commun à la boulange paysanne concerne l’importance accordée aux mobilités et aux variabilités : dans les itinéraires des praticien·nes, dans leurs relations au marché, mais aussi dans les arrangements spatio-temporels quotidiens des activités boulangères-paysannes. Enfin, ce travail souligne la place octroyée aux échanges et aux interactions sociales. Dès lors, cette prépondérance des actions collectives, qui persistent tout au long des trajectoires, confirme la désignation de la boulangerie paysanne comme mouvement social et politique. Un mouvement de réappropriations socio-techniques qui donne à comprendre concrètement, les critiques, les résistances et les propositions “alternatives” aux normes politiques et économiques du modèle capitalo-industriel en vigueur.
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Cette recherche questionne la (re)composition contemporaine des activités boulangères alternatives en articulation avec les luttes paysannes. À travers une démarche socio-anthropologique, ce travail explore la (re)configuration d’un écosystème d’activités et d’un mouvement social autour des céréales, emblématiques des réappropriations et reconnexions entre enjeux agricoles, artisanaux et alimentaires : la boulangerie paysanne. L’analyse porte sur les dynamiques à l’œuvre derrière ces (re)agencements catégoriels, et sur la manière dont les acteurs·trices s’approprient des activités depuis longtemps dissociées par l’industrie capitaliste (agricole, minotière et boulangère). Pour quelles raisons et comment devient-on boulanger·ère paysan·ne ? Par quels processus relationnels s’engage-t-on dans cette dynamique collective qu’on qualifie de mouvement social ? Quelles sont les nouvelles représentations et manières de pratiquer ces activités proposées par les personnes et collectifs s’engageant dans les métiers de la boulangerie paysanne ?
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This research questions the current (re)configuration of alternative bakery activities in relation to peasant struggles. Through a socio-anthropological approach, this study explores the (re)configuration of an “ecosystem” of activities and a social movement around cereals, which symbolises of the reappropriation and reconnection of agricultural, artisanal and food issues: the peasant bakery. The analysis focuses on the dynamics underlying these categorical (re)compositions, and on the way in which actors appropriate activities that have long been dissociated by capitalist industry (farming, milling and baking). Why and how do people become peasant bakers? What are the relational processes that are involved in this collective dynamic that we refer to as a social movement? How do individuals and groups involved in the peasant bakery crafts offer new representations and ways of practising these activities?
This thesis is based on an immersive approach, consisting of biographical trajectories and interviews, as well as ethnographic research from a variety of perspectives. The empirical study reveals that the peasant bakery is not a standardized category. Rather, it is a socio-bio-technical network of individuals engaged in numerous fields of activity. This thesis shows a great diversity of biographical paths, marked by multiple bifurcations, spatio-temporal variations, forms of political engagement and work organisation. This heterogeneity does not prevent the existence of invariants, such as the common desire to transform their way of life. The main points revealed by the practitioners give substance to these constants. Firstly, we are referring to peasant baker’s practices reconfigured by relational articulations between humans, artefacts (kneading tools, mills, ovens) and living entities (seeds, sourdough). Secondly, another common feature of peasant bakery is the importance given to mobility and variability: in the itineraries of practitioners, in their relations to the market, but also in the spatio-temporal organisation of their peasant bakery activities. Finally, this research highlights the importance given to social exchanges and interactions. Therefore, this preponderance of collective action, which persists throughout biographical paths, confirms the peasant bakery’s designation as a social and political movement. A movement of socio-technical reappropriation that provides a concrete understanding of criticism, resistance and “alternative” proposals to the political and economic norms of the current capital-industrial model.
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This research questions the current (re)configuration of alternative bakery activities in relation to peasant struggles. Through a socio-anthropological approach, this study explores the (re)configuration of an “ecosystem” of activities and a social movement around cereals, which symbolises of the reappropriation and reconnection of agricultural, artisanal and food issues: the peasant bakery. The analysis focuses on the dynamics underlying these categorical (re)compositions, and on the way in which actors appropriate activities that have long been dissociated by capitalist industry (farming, milling and baking). Why and how do people become peasant bakers? What are the relational processes that are involved in this collective dynamic that we refer to as a social movement? How do individuals and groups involved in the peasant bakery crafts offer new representations and ways of practising these activities?
Citation bibliographique
Barbier, Chloé (1988-.... ; docteure en sociologie) (2023), "Être au four, au moulin et dans les champs" : la fabrique politique du pain. Récits et trajectoires de boulanger·ères-paysan·nes [Thèse]