La question de l'être chez Milan Kundera
- Bertier, Hélène (2013)
Mémoire
Accès libre
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- La question de l'être chez Milan Kundera
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- 19 septembre 2013
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- Kundera
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Si ce travail de recherche s’est orienté autour de La question de l’être chez Milan Kundera, c’est d’abord parce qu’à la lecture de cet auteur, nous avons senti émerger une modalité effective de réalisation de la pensée dans le roman, de réalisation par, pour, et vers le littéraire d’une pensée spécifiquement attachée aux questions ontologiques et existentielles. De plus, chez Kundera, ce qu’on a coutume d’appeler le « malaise existentiel », le « mal de vivre », ou ce qui fut plus profondément pensé et théorisé comme « nausée », « angoisse », ou « vertige », fonctionne, si l’on peut dire, à la manière de poupées russes, se montrant au sens commun sous l’aspect d’une problématique simple, banale, triviale, et devenant de plus en plus complexe à mesure qu’on reconsidère les apparences sous lesquelles on a coutume de l’aborder, pour se résoudre in fine dans un retour à la simplicité.
Cela revient à dire que, pour notre auteur, le seul être à constituer à la fois le sujet et l’objet de l’ontologie ne peut qu’en arriver à une confrontation avec ce même paradigme de départ, qu’il ne pourra dès lors qu’assumer, nier, ou forcer à l’oubli.
Cette problématisation heideggerienne de l’ontologie, qui pose l’homme comme seul être pour qui, en son être, il y aille de son être, est reprise à nouveaux frais par Kundera, qui emploie le littéraire comme un opérateur variationnel venant mettre en abyme cette condition objectivo-subjective de l’homme dans les egos expérimentaux que sont ses personnages, et donnant pour ainsi dire à vivre ce qu’Heidegger n’a pu que théoriser.
Cette nuance est, mentionnons-le, chère à Kundera, puisqu’elle nous permet de comprendre que seul le roman permet, pour lui, de dépasser le surplomb heideggerien comme regard philosophique monoculaire, en offrant d’expérimenter l’être comme possibilité, et pour ainsi dire de l’actualiser.
Cette posture romanesque l’amène également à radicaliser la conception phénoménologique classique de cet être comme possibilité, en tant qu’elle ôte à toute structure de l’être-au-monde sa permanence pour lui rendre son essentielle relativité. Par le roman et donc par la mise en scène d’une multitude de personnages jetés dans une multitude de situations, Kundera parvient à entrer dans le vécu réel de toutes ces phases de la réflexion caractéristique de l’humain et, montrant que cette problématique est l’insoluble absolu, il en ouvre la seule voie de résolution cohérente : la sublimation de ses apories. Cette dernière posture au sein du mouvement existentiel, celle de la lucidité dans l’assomption de la légèreté, se place en marge du cycle de négation de la condition ontologique, et ouvre à une vision relativiste du monde comme à une déconstruction de toutes les valeurs : si tout est légèreté, la seule certitude absolue demeure donc l’incertitude.
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Si ce travail de recherche s’est orienté autour de La question de l’être chez Milan Kundera, c’est d’abord parce qu’à la lecture de cet auteur, nous avons senti émerger une modalité effective de réalisation de la pensée dans le roman, de réalisation par, pour, et vers le littéraire d’une pensée spécifiquement attachée aux questions ontologiques et existentielles. De plus, chez Kundera, ce qu’on a coutume d’appeler le « malaise existentiel », le « mal de vivre », ou ce qui fut plus profondément pensé et théorisé comme « nausée », « angoisse », ou « vertige », fonctionne, si l’on peut dire, à la manière de poupées russes, se montrant au sens commun sous l’aspect d’une problématique simple, banale, triviale, et devenant de plus en plus complexe à mesure qu’on reconsidère les apparences sous lesquelles on a coutume de l’aborder, pour se résoudre in fine dans un retour à la simplicité.
Citation bibliographique
Bertier, Hélène (2013), La question de l'être chez Milan Kundera [Mémoire]